Le film The Revenant, d'Alejandro González Iñárritu, doublement oscarisé, dimanche lors de la 88e cérémonie des Oscars qui s'est déroulée au Dolby Theater de Los Angeles (Californie), est à l'affiche à la salle Ibn Khaldoun, au grand bonheur des amateurs de bonnes toiles. Dans The Revenant, l'épique quête de vengeance dans le Grand Nord américain, Leonardo DiCaprio dévore un vrai foie de bison cru. Le prix à payer pour peut-être, enfin, remporter son premier Oscar. «Je voulais que ce soit réel. (...). C'était absolument dégoûtant. Ma réaction, qui est la nausée, se voit à l'écran», a-t-il raconté dans l'émission de télévision «Today». Dans le dernier film du Mexicain Alejandro Iñárritu, l'acteur de 41 ans, avec plus de 25 ans de carrière à son actif, incarne Hugh Glass, légendaire trappeur américain de la conquête de l'Ouest dans les années 1820. Attaqué par un ours et grièvement blessé, laissé pour mort et enterré vivant par des équipiers qui le trahissent et tuent son fils à moitié indien, il doit survivre seul et sans arme dans la nature la plus sauvage, avec une obsession : se venger. «La beauté du film», sorti au début de janvier 2016 à travers toute l'Amérique du Nord, «c'est d'avoir tous les éléments contre soi» et de s'en sortir malgré tout, explique le comédien aux yeux bleus. «C'est le triomphe de l'esprit humain et de l'esprit de revanche qui anime cet homme incroyablement résiliant», ajoute celui qui a fait ses débuts dans la série télévisée Santa Barbara avant d'accéder à une célébrité mondiale grâce à Gilbert Grape (1993), face à Johnny Depp. Corps-à-corps avec un grizzli The Revenant marque le retour en force d'Alejandro Iñárritu, dont le précédent film, Birdman, huis clos dans un théâtre, avait triomphé l'an dernier aux Oscars. Son nouveau film coup-de-poing, qui réinvente le genre du western, allie des scènes choc à la cinématographie magistrale d'Emmanuel Lubezki, dans des grands espaces immaculés, de toute beauté sous un éclairage naturel. Dans le combat corps-à-corps de Glass avec un grizzli, ou dans sa chute de cheval du haut d'une falaise, l'art des effets spéciaux atteint des sommets de réalisme... L'épopée de Glass est aussi un voyage émotionnel, entre la peur, la soif de vengeance et le désespoir causé par la perte de tous les repères. Apparemment, l'académie des Oscars a un faible pour les rôles physiques. Celui de Hugh Glass l'est au plus haut point. DiCaprio a décrit le tournage entre le Canada et l'Argentine comme le plus difficile qu'il ait jamais vécu. «Nous avions une équipe de tournage massive, qui devait se déplacer dans ces sites isolés, au milieu d'un hiver très rude», explique-t-il. Le but du film était toutefois de décrire «la vie de ces trappeurs et nous devions comme eux nous adapter à notre environnement», a-t-il fait valoir. Il a dû tourner des scènes nu dans la neige, escalader des montagnes enneigées par -20° entravé par de lourdes fourrures, passer des heures allongé sans bouger dans le froid ou immergé dans des fleuves glacés... The Revenant, dont le budget avoisinerait les 135 millions de dollars, a récolté 81% d'opinions favorables chez les critiques, d'après le site agrégateur Rottentomatoes.com. Recevant son tout premier Oscar, l'acteur, ovationné, a profité de son prix pour appeler à protéger la planète, l'un de ses grands combats. «The Revenant parle de la relation d'un homme avec la nature», a-t-il souligné, avant de rappeler que 2015 avait été l'année la plus chaude de l'histoire moderne. «Le changement climatique est réel. C'est en train d'arriver en ce moment même. C'est la menace la plus urgente pesant sur notre espèce et nous devons travailler tous ensemble contre ce phénomène.»