La condamnation de deux professeurs de l'université Djilali Liabès à 6 mois de prison avec sursis et une amende de 300 000 DA par le tribunal de Sidi Bel Abbès suscite diverses réactions au sein du milieu universitaire. Ces condamnations ont été prononcées, dimanche dernier, à l'encontre du président du Conseil scientifique et du vice-doyen chargé de la post-graduation (secrétaire de séances du Conseil scientifique) de la faculté des sciences exactes de l'université de Sidi Bel Abbès, indique un communiqué du Syndicat des enseignants du supérieur (SESS). Selon le SESS, les faits reprochés aux deux enseignants sont l'existence de deux procès-verbaux, qui ont fait l'objet d'une action en justice. Le premier PV comprend la liste des membres du jury de soutenance de doctorat, dont les avis de soutenance sont sous réserve que les revues de publication de leurs articles soient non payantes (conformément à la réglementation), explique le SESS. Dans le second (final et signé), le dossier de l'un des candidats a eu un avis défavorable après vérification et constatation que la revue où est édité l'article est payante. «Cette pratique de donner des avis favorables sous réserve a été instituée, même par d'autres Conseils scientifiques, pour éviter les lenteurs bureaucratiques aux candidats et éviter l'attente des réunions de ces conseils qui sont réglementairement en nombre limité (4 sessions ordinaires par an)», estiment les syndicalistes du supérieur. Et d'jouter: «Bien que les délibérations du Conseil scientifique soient collectives et que ses avis ne soient que consultatifs, deux de nos collègues ont été mis en cause. Nous rappelons que la Constitution de notre pays consacre expressément les libertés académiques et de recherche scientifique.» Pour les représentants des enseignants du supérieur, la pénalisation du travail du Conseil scientifique tombe en contradiction flagrante avec la loi fondamentale de la République. Ils considèrent, par ailleurs, que la pénalisation de l'acte de gestion des activités pédagogiques et scientifiques pousserait à la désertion des enseignants de toutes les instances et responsabilités pédagogiques. Ceci entraînera, à coup sûr, la paralysie et le blocage de différentes structures de l'université et de cette dernière dans son ensemble. Après ces condamnations, le SESS appelle à la solidarité avec les deux enseignants, soulignant le fait que ces décisions peuvent faire jurisprudence à l'avenir. «Les pouvoirs publics, à leur tête notre tutelle, doivent poser des garde-fous pour protéger l'universitaire dans ses missions et tâches», réclament les syndicalistes du SESS. Et de conclure : «Nous appelons à la mobilisation de tous les enseignants pour exiger la protection de l'enseignant et de sa dignité dans son travail».