«L'Université doit s'impliquer davantage dans la vie économique du pays, car elle dispose de tous les moyens humains et matériels nécessaires pour son rayonnement sur son environnement», insistait jeudi 10 avril, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Face aux membres du Conseil scientifique de l'université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès, Mohamed Mebarki affirme : «La science et le savoir technologique des universitaires algériens doivent être mis au service du développement du pays», rapporte l'Aps. Une semaine auparavant, ce nouveau leitmotiv du ministre a été servi également aux acteurs du monde économique national et aux chefs d'entreprise. De l'université de Constantine, M. Mebarki a soutenu que l'Université Algérienne a atteint un stade de maturité tel qu'il serait temps d'en faire profiter les différents secteurs créateurs de richesses. «Depuis de nombreuses années, l'Université algérienne a amorcé une politique d'ouverture envers le monde extérieur et s'implique davantage dans le développement», s'en félicitait-il, en décrétant que c'est «au tour des entreprises économiques de faire confiance aux chercheurs algériens dont le savoir et savoir-faire sont incontestables.» Pour le ministre, l'Université a atteint ce stade de «maturité» grâce à la politique de démocratisation de l'enseignement supérieur. Il mettra à chaque intervention en relief l'importance des investissements et des réalisations opérés dans ce secteur. A Sidi Bel Abbès, M. Mebarki indique, à titre d'exemple, que l'université Djillali Liabès «a évolué énormément durant les 15 dernières années, voyant sa capacité d'accueil passer de 5000 à près de 38 000 places pédagogiques», écrit l'APS. Mais comme l'avancée technologique et le savoir-faire ne sont pas uniquement tributaires du nombre de bâtiments réalisés ou d'enveloppes allouées à la recherche scientifique, le ministre fait savoir que le nouveau cheval de bataille de la tutelle est «l'amélioration de la qualité des enseignants et des chercheurs algériens qui ont atteint un niveau appréciable.» L'adéquation entre l'Université et le monde économique national est un sujet récurrent et objet à polémiques. Sans cesse décriée par l'inadaptation des formations, la faiblesse du niveau des enseignements dispensés et le manque d'efficacité ou l'inadaptation des sujets des recherches scientifiques jugés trop académiques et sans réelle incidence sur les secteurs de production, l'université algérienne a malgré les couacs enregistrés dans l'application du système LMD entrepris une série de mesures pour résorber le hiatus creusé avec l'économie. Ainsi, des conventions et des contrats de partenariat sont signés avec des organismes de financement de projets pour les étudiants, avec des universités étrangères ou même avec des entreprises privées. Mais la dynamique reste lente. Cela dit, avant d'incriminer l'Université, il faut reconnaître que le secteur économique amorphe, basé presque exclusivement sur les échanges commerciaux et dans de rares cas sur une petite industrie de transformation, ne présente pas cette nécessité de recourir au savoir scientifique pour améliorer son produit. La recherche scientifique n'est pas une fin en soi. Elle est une réponse à un besoin précis. En l'absence de ce besoin, l'apport de l'Université à l'économie nationale ne peut être perçu qu'à travers la «fabrication» de diplômés adaptés au marché du travail. D'où l'importance, encore ignorée, de l'implication des entreprises dans l'élaboration des formations à la carte. A l'Université ensuite de garantir un bon niveau d'enseignement aux étudiants inscrits.