Au 14e anniversaire de la promulgation de la loi du littoral, quel bilan faites-vous ? Suite à cette loi, beaucoup a été fait pour la préservation du littoral. Des infractions ont été relevées. D'ailleurs, rien que durant l'année écoulée, nous avons enregistré 60 dépotoirs sauvages, une cinquantaine de cas de rejets d'eaux usées domestiques et d'autres atteintes à l'état naturel du littoral, notamment la dégradation des cordons dunaires. Ces infractions ont été traitées en concertation avec les collectivités locales et les services déconcentrés de l'Etat concernés. Dans ce sens, en collaboration avec les collectivités locales, plusieurs constructions illicites érigées sur la côte ont été démolies. Des opérations d'envergure ont été lancées dans plusieurs régions côtières : à Annaba, la plage d'El Beldj à Tipasa ou encore les plages de Bordj El Bahri à Alger. Cela sans compter les opérations coup-de-poing contre les pilleurs de sable. Aussi, des campagnes de sensibilisation ont été lancées au profit du citoyen, des pilleurs potentiels de sable et même des responsables locaux. Que prévoit la loi quant aux rejets industriels dans la mer ? Qu'ils soient domestiques ou industriels, la loi du littoral prévoit des dispositions sévères quant aux eaux usées rejetées dans la mer. Pour les rejets domestiques, l'article 22 de cette loi stipule que les agglomérations de la zone côtière de plus de 100 000 habitants doivent disposer d'une station d'épuration des eaux usées. Les agglomérations de moins de 100 000 habitants doivent posséder des procédés et des systèmes d'épuration des eaux usées. Pour les rejets industriels, le législateur a prévu, dans l'article 15, le transfert vers des sites appropriés des installations industrielles existantes dont l'activité est considérée comme préjudiciable à l'environnement côtier. L'article 18 interdit aussi toute nouvelle implantation d'usines industrielles sur les sites côtiers. Pour la problématique des déchets solides et ménagers, elle a été prise en charge par la loi 01-19 promulguée en 2001. Quelles sont les mesures appliquées sur le terrain pour imposer aux entreprises le respect de la nature marine ? Mis à part l'application de la loi du littoral et dans le cadre de la politique environnementale en vigueur depuis déjà quelques années, il est imposé aux entreprises d'établir une étude d'impact environnemental et d'avoir au sein de leur staff un délégué pour l'environnement. Ce dernier, qui est nommé par l'entreprise elle-même, bénéficie de formations dans ce sens. Même si je n'ai pas les chiffres exacts, je peux affirmer qu'il y a déjà des milliers d'entreprises qui ont réalisé leur audit environnemental pour justifier leur conformité aux normes. Toutes ces dispositions vont vers la préservation de l'environnement et poussent l'entreprise vers le management environnemental. Quelles sont les perspectives du Commissariat national du littoral ? Le littoral algérien est fragilisé par la forte pression exercée par l'homme et par les changements climatiques. En plus de la désertification, la montée des eaux est très importante. A titre d'exemple, sur la côte ouest de Béjaïa, la mer monte de 1 à 3 m par an. Ce qui nous oblige à agir rapidement pour y faire face et protéger notre littoral. En collaboration avec le Conservatoire du littoral français, nous mettrons en exécution la stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières sur deux sites-pilotes. Il s'agit des îles Habibas à Oran et des anses de Kouali à Tipasa. Incessamment, une pépinière sera installée dans la wilaya de Tizi Ouzou pour la reproduction des oyats, qui est une espèce utilisée pour la fixation des dunes littorales. Cela nous permettra de freiner l'évolution d'un imminent problème constaté sur nos côtes qu'est le déséquilibre sédimentaire entre les dunes et les plages. Un phénomène qui provoque, entre autres, l'érosion.