L'Algérie n'est pas le seul pays au monde dépendant des exportations d'hydrocarbures. Confrontés à la baisse de leurs revenus, le Venezuela, l'Angola ou le Nigeria ont réagi différemment. Tour d'horizon des mesures d'austérité. En visite au Kenya, le président Muhammadu Buhari, général à la retraite de 72 ans, a réaffirmé sa position : il refuse de dévaluer le naira, la monnaie nationale, car cela affecterait les plus démunis, selon lui. La monnaie nigériane a perdu de sa valeur sur le marché parallèle depuis le début de la crise. La situation est plus grave que celle du dinar algérien : «L'économie nigériane est plus ouverte, il y a plus d'entreprises qui ont besoin d'importer», explique Imad Mesdoua, analyse politique pour un cabinet londonien. La Banque centrale du Nigeria a établi une liste de produits qui ne peuvent pas être importés afin de protéger les réserves de change du pays qui sont utilisées pour maintenir le naira à sa valeur actuelle. Le gouvernement nigérian a décidé de ne pas subventionner la consommation pétrolière en 2016 et il a lancé des négociations avec les grandes compagnies pétrolières en vue de leur rembourser des dettes qui s'élèvent à près de 4 milliards de dollars. Il a aussi été demandé aux ministres de dégager des fonds par le biais de partenariats public-privé afin de financer certains de leurs projets. L'impact budgétaire de la chute du prix du baril est aussi plus grand. Les réserves de change du pays n'étaient que de 30 milliards de dollars (en Algérie, elles sont 5 fois plus importantes). Le Nigeria est déjà en déficit, et le ministre des Finances négocie un prêt avec la Banque mondiale. Enfin, les conséquences sur la population sont aujourd'hui beaucoup plus visibles qu'en Algérie. Ces six derniers mois, les prix à la consommation ont augmenté. En janvier, l'inflation atteignait 9,6%. Le pays n'a pas les mêmes capacités que Algérie pour amortir le choc sur les habitants. «L'Etat nigérian avait moins de réserves et n'a pas de politique de subventions comme Alger», explique Imad Mesdoua. Mais la priorité politique actuelle et ce sur quoi les communicants d'Abuja mettent l'accent, c'est la lutte contre la corruption, et surtout, en cette période de crise, le rapatriement des capitaux volés. Les montants sont faramineux. Aux Etats-Unis, le président Buhari a demandé à Barack Obama de l'aider à récupérer 150 milliards de dollars. C'est plus que deux fois le montant de la dette du Nigeria.