Muhammadu Buhari, le nouveau président nigérian, sera investi aujourd'hui à Abuja. Une cinquantaine de dirigeants africains et occidentaux seront présent pour soutenir la nouvelle administration de Buhari. «Buhari prendra ses fonctions dans un pays qui traverse une grande crise économique et sécuritaire. Son investiture se fera dans un climat tendu», affirme Imad Mesdoua, analyste politique et spécialiste de l'Afrique. «L'administration de Buhari devra faire face à la gestion chaotique de Jonathan Goodluck et redresser rapidement l'économie», ajoute-t-il. C'est aujourd'hui que se tiendra l'investiture du nouveau président nigérian, Muhammadu Buhari, à Abuja, lors d'une cérémonie officielle qui devrait marquer le début d'un mandat riche en défis dans un pays miné par une crise économique, la corruption et les exactions des terroristes de Boko Haram. Le Congrès progressiste (APC) de Buhari accuse le président sortant, Jonathan Goodluck, et son administration de «sabotage délibéré» et estime que jamais, dans l'histoire du Nigeria, un gouvernement quelconque n'a transmis à un autre gouvernement un pays aussi sinistré. Pannes d'électricité, manque de carburant, travailleurs en grève, des milliards de dollars de dette nationale, l'économie est pratiquement à terre, a énuméré le porte-parole de l'APC, Lai Mohammed. Premier producteur de pétrole d'Afrique, le Nigeria connaît depuis des années des coupures de courant quotidiennes, obligeant les entreprises à utiliser des générateurs que certaines, comme les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, ne peuvent plus alimenter à cause d'une crise des carburants qui dure depuis des semaines, ce qui les contraint à cesser ou réduire leurs activités. «Le Nigeria n'a jamais été aussi mal à quelques jours de la prise de pouvoir officielle de Buhari. Ce dernier est soutenu par la majorité des présidents africains qui connaissent ses états de services», explique Julian Adenuga, journaliste et universitaire nigérian. Sécurité «Tout le monde espère une nouvelle ère avec Buhari qui connaît le système, les clans et les différentes failles du pays», commente Julian Adenuga. «Je crois que personne ne peut faire pire que Goodluck ! L'espoir est dans le changement. Buhari peut être un sauveur vu son parcours d'ancien militaire. Sans oublier ses alliances avec les leaders des pays voisins. Son expérience militaire définira son rôle dans le nouveau Nigeria», conclut-il. Pour cette grande cérémonie d'investiture, Buhari, qui a remporté l'élection présidentielle en mars face au président sortant Jonathan Goodluck, sera entouré de plusieurs dirigeants africains ou de leurs représentants. Abdelaziz Bouteflika y sera représenté par le président de l'Assemblée populaire nationale, Mohamed-Larbi Ould Khelifa. Les mesures de sécurité ont été renforcées à Abuja et dans ses environs en préparation de la cérémonie d'investiture. L'armée a été déployée en force dans les rues d'Abuja et aux principaux points d'entrée de la ville, la police étant pour sa part en charge de la sécurité des hôtels et des bâtiments officiels. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry devrait également se rendre dans la capitale nigériane. Il est à préciser que les présidents de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) — qui a accompagné le processus électoral jusqu'à son terme — ne vont pas manquer ce rendez-vous capital car au dernier sommet de la Communauté, à Accra, au Ghana, le chef de l'Etat sortant, Goodluck Jonathan, avait appelé ses homologues à soutenir son successeur Buhari. Boko Haram Agé de 72 ans, le nouveau président Buhari, dont l'élection a été saluée par la communauté internationale, n'a pas attendu son investiture pour déclarer la guerre contre le groupe armé extrémiste Boko Haram. Dans son premier discours, l'ancien général s'engage à délivrer son pays de la terreur. «Je vous assure que Boko Haram sera bientôt réduit à néant», avait-il lancé au lendemain de son élection, mettant l'accent sur le renforcement des moyens logistiques et financiers des militaires. «Ce que je puis certifier, c'est que dès le 29 mai, les membres de Boko Haram verront avec quelle détermination la nation tout entière et mon gouvernement s'emploieront à débarrasser le pays de leur entreprise de terreur, à rétablir la paix et une vie normale dans les régions où ils sévissent.» Deux mois avant, il avait traité les insurgés fondamentalistes de «sectaires sans cervelle qui se font passer pour des musulmans», après l'enlèvement de plus de 200 lycéennes à Chibok, dans le Nord-Est. Il avait aussi promis l'exemplarité et la fermeté face à la corruption généralisée et aux graves difficultés économiques du Nigeria. Pour réussir à régler ces problèmes épineux, le nouveau président va devoir imposer de «nouvelles réformes et créer une cohésion entre le peuple dans sa diversité» conclut Imad Mesdoua.