J'ai une femme dans ma vie... J'ai envie de reconstituer, l'un enchaîné à l'autre, dans le désordre le plus heureux, tous les moments de rire et de joie que nous avons vécus en complices, depuis plus de quarante ans maintenant, ce jour de l'été de ma sortie d'adolescence et ton irruption dans mon monde, ton sourire retenu et ton évasion, quand je t'ai demandé de venir t'asseoir à côté de moi, puis je suis revenu et pris ta main pour le reste des errements. J'ai une femme dans ma vie... Si je n'ai rien perdu de mon enfance, heureuse somme toute, grâce à l'envie irrépressible de savoir et de voir, malgré l'incertitude du chemin, c'est que tu es toujours là à m'en abreuver, pour ensuite m'en reprocher l'abus et l'insouciance, calmer mes terreurs nocturnes, t'inquiéter de mes défaillances, accompagner mes éloignements. J'ai une femme dans ma vie... Au bout du Désespoir, tu es venue en dissiper les nuages, éclairer les ciels assombris, donner une saveur à la difficulté de vivre, attendrir les rudesses acquises, forcer à toujours sourire, dire que tout reste encore possible, qu'il y a toujours un chemin après les cimes à atteindre. J'ai des femmes dans ma vie... Nombreuses, différentes, jamais indifférentes, rassurantes, émues, amies, aimantes, lointaines, si proches, sans reproches, sans poches, pas moches non, pas belles plus que ça ... J'ai une femme dans ma vie... Elle me dit, au moment où je l'ai croisée sans la regarder : presse le pas pour quitter vite ce lieu, elles vont arriver et tu ne sais pas quel est leur sentiment de l'instant, elles peuvent être sous l'emprise d'une immense envie de faire du bien, tu en jouirais, alors il est préférable de t'éloigner, tu n'es pas capable de recevoir tout le bonheur qu'elles étalent. Bonne fête à toutes. Fayçal Ouaret (Alger, le 8 mars 2016)