Pour améliorer le rendement de la pomme de terre et ainsi limiter la consommation d'eau, Meissa Brahim, ingénieur d'Etat en sciences agronomiques de l'université de Ouargla, a élaboré une étude dans laquelle il met l'accent sur l'importance du système d'irrigation par goutte-à-goutte. Une technique qui, selon cet ingénieur, permet non seulement une amélioration significative de la production, mais aussi une réduction importante des coûts. La culture des différentes variétés de pomme de terre est aujourd'hui très étendue. Cet intérêt motivé par la consommation, déjà considérable, est susceptible de s'amplifier encore par les divers produits que l'on peut obtenir à partir de ce tubercule. Le stress hydrique auquel que subit l'Algérie ainsi que l'impératif du bon choix du mode de culture de Solanum tuberosum (pomme de terre) ont donné lieu à des recherches approfondies sur la manière d'augmenter le rendement en limitant la consommation d'eau. Le système d'irrigation goutte-à-goutte serait la technique idéale pour un meilleur rendement de la pomme de terre. Tel est le résultat de l'«Etude comparative de l'influence de deux techniques d'irrigation (par goutte-à-goutte et par pivot) dans la région de Souf» réalisée par Meissa Brahim. Cette étude démontre les avantages que peut offrir l'utilisation du système goutte-à-goutte dans l'irrigation des pommes de terre. «Les résultats obtenus dans les conditions du Souf au niveau des parcelles irriguées au goutte-à-goutte et par pivot laissent apparaître que le goutte-à-goutte a permis une augmentation de la production de pomme de terre, une économie d'eau appréciable et une réduction significative de la consommation d'énergie électrique et, par conséquent, une diminution des coûts de production», indique M. Meissa dans son étude. Pour arriver à cette conclusion, le chercheur a employé deux système d'irrigation : le goutte-à-goutte et le pivot. Et le résultat est stratégique pour les producteurs de ce tubercule des régions du Sud. En dépit de son succès dans la production de pomme de terre de qualité, l'agriculteur soufi se retrouve face à des contraintes qui peuvent atrophier le rendement de ce légume. Parmi ces contraintes, il y a d'abord la cherté des intrants (semence, fumure, engrais…) qui réduit inévitablement le taux de production, ensuite le coût élevé de l'énergie électrique qui influe négativement sur le rendement. Pour pallier ces difficultés, l'étude s'est intéressée aux différents paramètres à prendre en considération pour sécuriser la durabilité de la filière pomme de terre dans la région du Souf. Mais comment y parvenir ? M. Meissa démontre, dans son étude, que l'amélioration du rendement et la réduction des charges sont des facteurs déterminants pour sécuriser cette durabilité souhaitée. Il s'agit de proposer, dans les conditions géographiques et climatiques du Souf, la technique d'irrigation qui permet une optimisation des rendements de la culture de pomme de terre. Il apparaît également nécessaire de «réduire de manière significative le gaspillage d'eau et éventuellement diminuer les charges relatives à la consommation d'énergie électrique», est-il revendiqué dans l'étude. Pour aboutir à des résultats fiables et concrets, le chercheur a opté pour le domaine Daouia, situé à El Oued. «Cette région est connue pour son climat aride, où la pluviométrie ne dépasse pas 77 mm. Le sol est caractérisé par une texture sableuse à pH neutre et un faible taux de matière organique», explique M. Meissa. Pour réaliser son étude, le chercheur a utilisé une variété de pomme de terre appelée Spunta. Il est important de préciser que ce type de pomme de terre est rustique, résistant à la chaleur et à la sécheresse. Les semences utilisées sont originaires de Hollande. Techniques d'irrigation Le choix d'une variété de pomme de terre qui s'adapte parfaitement à la culture en zone aride constitue déjà une réussite dans l'amélioration du rendement de ce tubercule. Cependant, sans un bon système d'irrigation, la production est peu satisfaisante. Le chercheur a donc tenté deux techniques d'irrigation pour établir une comparaison. La première consiste à employer le système goutte-à-goutte et la seconde le pivot. Dans l'étude en question, M. Meissa indique qu'en utilisant le système goutte-à-goutte, le débit en tête de réseau est 4 litres/seconde alors qu'il est de 9l/s pour le pivot. De plus, la durée totale d'irrigation durant le cycle végétatif de la pomme de terre est de 200 heures pour le goutte-àgoutte contre 240 heures pour le pivot. S'agissant de la quantité d'eau apportée durant le cycle végétatif, l'étude a établi quelque 2880 m3 alors que le pivot consomme une quantité beaucoup plus importante de 7776 m3. Par ailleurs, pour évaluer le comportement de la culture de la pomme de terre vis-à-vis des deux techniques d'irrigation, deux parcelles d'un hectare chacune ont été choisies : l'une est irriguée au goutte-à-goutte, l'autre par pivot. «Dans le but de ce procéder à la comparaison des deux méthodes d'irrigation de la pomme de terre, nous avons effectué un échantillonnage aléatoire simple, sans remis. Cette méthode consiste à affecter un numéro à chaque plant des échantillons des deux parcelles et de procéder ensuite à un tirage au sort», est-il expliqué dans l'étude. Ainsi, en prenant un échantillon de 100 plants pour chacune des deux parcelles, le résultat obtenu fait ressortir une moyenne de 5,9 tubercules par plant pour l'irrigation goutte-à-goutte et 6,53 tubercules pour le pivot. «Les résultats obtenus sur les paramètres étudiés ont subi une analyse statistique par le test de comparaison de deux moyennes avec confiance de 99%», note le rédacteur du rapport. Ce léger avantage pour le système par pivot est largement compensé par les économies enregistrées grâce à la réduction de la consommation d'eau et d'énergie.