La récolte de la pomme de terre d'arrière-saison bat son plein depuis le 1er novembre à Oued Souf, où les agriculteurs se félicitent d'une saison agricole gagnante. Région phoenicicole de terroir, Oued Souf a réalisé en deux décennies des prouesses remarquables dans la culture de la pomme de terre. Un défi de l'agriculteur du pays des ghouts qui le placent dans le peloton des zones leaders en la matière. El Oued assure en effet 30% de la production nationale en pomme de terre et pour la seule saison 2010/2011, quelque 7,2 millions de quintaux ont été récoltés sur une surface utilisée de 18 200 hectares dédiés à cette culture. La direction des services estime à 24 000 ha la surface plantée pour la saison agricole 2011/2012 soit une augmentation de 14% par rapport à l'année dernière. Selon M. Ahmed Labrara, directeur des services agricoles d'El Oued, les prévisions de production de la seule arrière-saison sont de l'ordre de 6,4 millions de quintaux. Qu'est ce qui fait la particularité de cette wilaya saharienne enfouie dans les sables de l'erg oriental ? La réponse semble évidente pour ceux qui connaissent la mentalité de la région : l'esprit commercial et la recherche du profit. Mais ce qui différencie le cultivateur soufi de ses collègues des wilayas environnantes c'est qu'il est aussi bien commerçant qu'agriculteur, il une volonté de fer et ne rechigne pas devant l'effort à fournir pour arriver à son but. La pomme de terre d'El Oued a aussi ses particularités non pas variétales comme on tend à le penser car ce sont les variétés classiques Spounta, Condor et Bartina qui ont réussi leur adaptation au sol sablonneux. Cette pomme de terre cultivée sur un sol squelettique enrichi et irriguée avec une eau saline donne un légume d'un beau calibre, savoureux et qui n'absorbe pas beaucoup d'huile de friture. Encore un caractère soufi qui cherche l'économie et l'efficacité en tout si bien que les rendements à l'hectare de 200 q à l'hectare en 1991/1992 à 350q en 2010/2011. Les premiers essais de la culture de la pomme de terre dans la zone du Souf ont été lancés dés 1991 avec l'assistance technique de la direction des services agricoles en étroite collaboration avec des instituts spécialisés, en l'occurrence l'Institut technique des cultures maraîchères et industrielles ITCMI, l'institut technique de développement de l'agriculture saharienne ITDAS et l'institut national d'agronomie INRA. Les résultats des expérimentations menées par ces instituts ont donné des rendements appréciables qui ont favorisé l'émergence de la culture de la pomme terre à El Oued encouragée par la qualité du sol, l'eau abondante et peu profonde donc facilement exploitable par les agriculteurs, le climat saharien à faible pluviométrie et les grands écarts d'amplitude de température. La création de nouveaux périmètres d'exploitation a été très favorable à l'essor de la pomme de terre. Depuis l'avènement de l'APFA, plus de 150 000 ha ont été distribués à 20 000 concessionnaires de la wilaya attirés par les réussites individuelles et collectives. Le cycle cultural de la pomme de terre a également permis de réaliser deux récoltes par an à El Oued : la culture de saison ou la plantation démarre début février jusqu'au début mai, et l'arrière saison qui débute en aôut pour s'achever à la fin décembre. Reste à souligner que le génie local a contribué à réduire les coûts de production en utilisant exclusivement la technique d'irrigation par aspersion avec des pivots made in Oued Souf.