Le Salon international de l'automobile d'Alger (SIAA 2016) ouvrira ses portes aujourd'hui aux Palais des expositions des Pins maritimes, et se tiendra jusqu'au 26 mars. Mais sur fond, cette fois-ci, de morosité du marché et de graves difficultés dans le secteur. En dépit du manque de disponibilité de véhicules — les importations sont toujours bloquées —, une trentaine de marques seront présentes à cette 19e édition qui intervient dans une conjoncture extrêmement difficile pour les représentants des constructeurs. La crise qui touche le secteur de l'automobile depuis plus d'une année assombrit ce qui est d'habitude un rendez-vous attendu de tous : les passionnés de belles caisses, les consommateurs et les professionnels. Et pour cause, les chiffres qu'ont réalisés les concessionnaires ces derniers mois parlent d'eux-mêmes ! Recul drastique des ventes, stocks quasi nuls chez la plupart des marques, quotas d'importation non encore définis… Bref, les concessionnaires n'auront presque rien à présenter ni à proposer aux clients dès lors que les quotas d'importation ne sont pas encore validés par le gouvernement. Ce qui offre ainsi moins de visibilité pour l'avenir des professionnels du marché de l'automobile en Algérie. C'est dans une telle situation que prendront part, tant bien que mal, les concessionnaires à ce Salon où il faudra s'attendre donc à moins de nouveautés et d'innovations technologiques. S'il a été permis aux professionnels d'effectuer des importations de prototypes (des ADT provisoires leur ont été délivrés), juste pour l'exposition, la prise de commandes sur ces véhicules est par contre interdite. Il est vrai, à juste titre, que les concessionnaires ne peuvent prendre des commandes sur des nouveautés sur lesquelles ils ne peuvent garantir un délai de livraison : les licences d'importation ne sont prévues que pour le mois de juin prochain. Seuls certains concessionnaires, à l'exemple de Hyundai, Renault et Peugeot, pourraient aspirer à vendre car leurs stocks ne sont pas encore en totale rupture. Il est donc à craindre que l'aspect commercial soit le grand absent de cette manifestation. Finis donc les chiffres de vente effarants qu'enregistraient auparavant les concessionnaires automobiles, toutes marques confondues, et ce, après que les autorités aient décidé d'instaurer un certain nombre de mesures, dont les licences d'importation, pour freiner les importations. Cette fois, les concessionnaires risquent de vivre la pire des manifestations depuis la première édition du SIAA. Et il semble bien que cette édition soit partie pour être un simple Salon d'exposition au moment où les ventes de véhicules s'effondrent. En 2015, les représentants des marques ont vu leurs ventes chuter de plus de 25%. Durant cette période, c'est la marque au losange qui est restée leader du marché algérien de l'automobile, enregistrant en 2015 49 494 livraisons. Pour ne citer que quelques exemples, Peugeot était classée 3e avec 36 323 véhicules livrés (-13,1%) suivie de Hyundai avec 31 306 ventes (-21,0%), puis Toyota avec 19 627 ventes (-20,5%). Pour Volkswagen avec seulement 12 455 véhicules écoulés en 2015, les ventes ont reculé de 53%. Des chiffres jamais réalisés par ces marques ces dernières années. De même que les importations de véhicules qui ne cessent, elles aussi, de dégringoler. Le nombre de véhicules importés a été quasiment divisé par trois en une année, avec 9309 unités en janvier dernier contre 27 497 unités au même mois de 2015, soit une chute de 66,15%, selon les derniers chiffres communiqués par le Centre national des statistiques (CNIS) des Douanes algériennes. Chez les concessionnaires qui détiennent les plus grosses parts du marché national, il est constaté que la baisse de leurs importations a oscillé entre 29 et 97% en valeur et entre 1 et 98% en quantité. Les concessionnaires représentant les marques asiatiques et allemandes ont enregistré les plus grosses baisses en valeur et en quantité. Quant aux raisons de réalisation de ces importations, en janvier dernier, en dépit du gel des domiciliations bancaires pour les importations soumises au régime des licences, on évoque l'ouverture de documents bancaires opérée avant la parution, le 5 janvier 2016, de la note de l'Association des banques et établissements financiers (Abef). Ces chiffres renseignent sur les difficultés que traverse le marché des véhicules neufs en Algérie, avec des ventes qui ont subi une véritable hémorragie. Contrairement aux années précédentes, le SIAA 2016 semble virer vers un salon-image où l'aspect commercial sera moins important. Pourvu que le public soit au rendez-vous !