Pour le 54e anniversaire de l'assassinat de Mouloud Feraoun par l'Organisation de l'armée secrète (OAS), il y avait une centaine de personnes à Tizi Hibel. Ceux qui sont venus, les tempes grisonnantes pour la majorité, l'ont fait par devoir de mémoire. Les élèves sont retenus dans les écoles, les étudiants et les enseignants ont l'esprit aux vacances et les hommes de lettres et des arts ont d'autres préoccupations. Et ce sont les autorités locales qui ont comblé ce vide sidéral. Trois heures d'attente devant le siège de l'association Mouloud Feraoun sur l'horaire prévu pour le dépôt de gerbes de fleurs. Une attente interminable de la responsable du secteur de la culture de Tizi Ouzou. La délégation se rend au cimetière au pas de charge. Mais, outre les hommages et les discours de circonstance, sur Mouloud Feraoun, ce sont surtout les projets. Ali Feraoun, fils de l'écrivain et président de la fondation Mouloud Feraoun pour la culture et l'éducation, annonce la création prochaine du prix Mouloud Feraoun. «Je dois avouer que sur les 80 membres de la fondation, peu de gens travaillent, et c'est pour cette raison qu'on va organiser une nouvelle assemblée pour préparer l'institution de ce prix dans ses différents aspects : sponsoring et membres de jury. Ensuite, au mois de mai paraîtra la revue littéraire Fouroulou». Ali Feraoun précisera, en outre, que le secrétaire général de la fondation, Abdelouahab Medjadj, a fait un travail remarquable de numérisation des manuscrits de Mouloud Feraoun de quelque 2500 pages. Ce travail de conservation des archives de Feraoun s'est fait en collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français, notamment l'ITEM, Institut des manuscrits. Le président de la fondation indiquera également qu'un centre de documentation qui devra regrouper les travaux sur Feraoun (thèses, écrits, recherches) est en projet de création à Alger. La fondation attend l'attribution d'un siège dans la capitale. Ce projet, précise-t-on, aura des financements de l'Institut français (ex-CCF). Cette semaine, un livre de José Lenzini, intitulé Mouloud Feraoun, un écrivain engagé, est paru chez Casbah. Ali Feraoun en parle : «Cet ouvrage qui a été déjà publié en France retrace l'histoire de l'Algérie à travers la biographie de Mouloud Feraoun. Une tournée nationale promotionnelle est prévue pour les prochaines semaines». Tizi Hibel en ce 15 mars 2016 est mobilisé pour la mémoire de Mouloud Feraoun. Mokrane Nessah, président de l'association Mouloud Feraoun, déclare : «Notre plan d'action est de faire lire ce grand écrivain à travers les établissements scolaires. Des universitaires comme Mouloud Lounaouci et Saïd Chamakh ont pris des engagements avec nous pour ce projet en donnant des conférences. Pour le reste, nous prêtons assistance à la fondation sur le plan humain et matériel». L'association fait des démarches pour baptiser une institution publique du nom de Mouloud Feraoun. Mais la caution de l'Organisation des moudjahidine est requise.