Les chemins qui montent vers Tizi Hibel, village natal de Mouloud Feraoun, ont été cette fois-ci une parallèle. Ils n'ont pas fait croiser bon nombre de ceux qui les ont pris, mercredi dernier, lors de la cérémonie de recueillement sur la tombe du fils du pauvre qui repose parmi les siens dans un cimetière à l'abandon. La présence de l'encadrement du RCD, parmi lequel figure le sénateur Rachid Arabi à la cérémonie, a été remarquable. L'association Mouloud Feraoun, organisatrice de l'hommage, a pourtant largement diffusé le programme. A la fin du recueillement, vers 11h 30, une délégation de la Fondation Matoub, dont le siège est à Taourirt Moussa, à deux pas de Tizi Hibel, se dirige au cimetière pour un autre hommage. Le désir de s'éviter les uns les autres est perceptible. Décidément, les jours de la Kabylie d'hier, témoins de solidarité, sont différents de ceux d'aujourd'hui. L'atmosphère est plutôt accablante. Le siège de l'association est cadenassé. La maison natale de Mouloud Feraoun, où avait grandi Fouroulou Menrad, est fermée aussi. Faudrait-il alors chercher la grandeur de Feraoun ailleurs ? Pourquoi pas une fondation dont le projet remonte à 1993, mais qui n'est pas sorti du néant ? Ali Feraoun, fils de l'écrivain, répond : « Je préfère le travail d'une association parce qu'elle est une marque de sympathie pour l'homme et son œuvre. Par contre, une fondation sous-entend la présence d'intellectuels qui auront pour tâche de l'expliquer et de la propager. Il n'y a pas de spécialistes de Feraoun en Algérie. A un certain moment, Christiane Achour s'est proclamée propriétaire de Feraoun, elle l'a interprété comme le FLN le lui avait demandé. Aux Etats-Unis d'Amérique, il est étudié dans cinq universités ». Il y a 13 ans, des universitaires et des amis de Feraoun se sont engagés à créer la fondation, mais sans suite. Il y a 44 ans, disparaissait en martyr, Mouloud Feraoun. La commémoration de 2006 est particulière en tous points de vue.