La Turquie d'Erdogan continue à payer le prix de sa désastreuse politique kurde et turque. Un attentat-suicide a visé, hier matin, le cœur touristique d'Istanbul. Selon un bilan annoncé en fin de journée par le ministre turc de la Santé, Mehmet Muezzinoglu, l'attaque — qui s'est produite devant un centre commercial de la célèbre avenue piétonne Istiklal — a fait quatre morts et 36 blessés. «C'est bien un attentat-suicide, une attaque terroriste», a déclaré le gouverneur d'Istanbul, Vasip Sahin, affirmant que l'auteur de l'attaque visait un bâtiment officiel situé dans le quartier, la sous-préfecture du quartier de Beyoglu. Le pays est en alerte maximum à l'occasion de la célébration du Newroz (Nouvel An kurde), principalement dans la capitale et à Istanbul, où les mesures de sécurité et de contrôle ont été renforcées. Les représentations diplomatiques de l'Allemagne (ambassade et consulat) ainsi que le lycée allemand à Istanbul ont fermé jeudi pour cause de risque d'attentat et l'ambassade américaine à Ankara a mis en garde ses ressortissants contre des risques de l'augmentation des attaques terroristes et des menaces en Turquie. Ce pays est la cible depuis le mois de juin dernier d'une série d'attentats meurtriers de plus en plus rapprochés, attribués aux terroristes du groupe autoproclamé Etat islamique (EI) ou aux rebelles indépendantistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Dimanche dernier, un attentat à la voiture piégée a fait 37 morts (dont les deux présumés auteurs) à Ankara et des dizaines de blessés. Cet attentat est le deuxième qui a secoué la capitale turque en moins d'un mois et le troisième en cinq mois. Le 17 février dernier, un attentat à la voiture piégée avait visé des véhicules de transport du personnel militaire, faisant 29 tués. Il avait été revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) en représailles à la mort de civils pendant les opérations de l'armée contre la rébellion kurde dans le Sud-Est anatolien. Les TAK, groupe dissident du PKK, ont promis d'autres actions contre l'Etat turc. Face à la menace, le niveau d'alerte a été renforcé dans les grandes villes du pays. Embarrassé par les critiques qui dénoncent les ratés de ses services de sécurité, le président Recep Tayyip Erdogan a réagi en relançant sa guerre contre les «complices des terroristes» kurdes. Plus de 320 personnes, avocats, élus, intellectuels ou simples partisans de la cause kurde, ont été arrêtées depuis dimanche. Pour beaucoup, Erdogan n'a fait que jeter de l'huile sur le feu.