Violence n Trois personnes ont succombé à leurs blessures à l'hôpital, portant le bilan de l'attentat à la voiture piégée survenu hier dimanche dans le centre d'Ankara à 37 morts. Une fois de plus, la capitale turque a été frappée de plein fouet par le terrorisme. «Nous avons perdu trois de nos citoyens à l'hôpital. A ce stade 37 personnes sont décédées dans cette attaque terroriste», a annoncé ce lundi matin le ministre turc de la Santé, précisant qu'«au moins une des victimes» était l'auteur de l'attentat. Le véhicule piégé a explosé à 18h45 heure locale (16h45 GMT) à un arrêt de bus de la très fréquentée place Kizilay, en plein cœur d'Ankara, qui abrite de nombreux commerces et où passent plusieurs lignes de bus et de métro. Plusieurs bus et de nombreux véhicules ont été totalement détruits par la puissante déflagration. Trente personnes ont été tuées sur le coup et sept autres à l'hôpital. Au moins 125 autres sont blessées, dont 19 se trouvaient dans un état jugé sérieux, a ajouté le ministre de la Santé. L'attentat a été commis par un véhicule à bord duquel se trouvaient «une ou deux» personnes et qui a délibérément visé l'arrêt de bus de la place Kizilay. «La déflagration a été causée par un véhicule rempli d'explosifs», a annoncé pour sa part le bureau du gouverneur d'Ankara. Dogan Asik se trouvait dans l'un des bus qui circulaient au moment de l'attaque. «Tous les sièges étaient occupés. On était 40, 50 passagers. Le bus a commencé à ralentir, une voiture s'est approchée de nous et ‘boom', l'explosion. Le feu a pris. Il a tué deux ou trois personnes. Puis j'ai reçu des impacts là, et je suis tombé». De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux de l'attaque, selon les premières images qui ont également montré plusieurs carcasses de bus entièrement calcinés. La police turque a déployé d'importants effectifs pour bloquer les accès à la place, survolée par des hélicoptères. Et quelques heures après cette nouvelle attaque, un juge d'Ankara a ordonné l'interdiction de la diffusion de toute information à son sujet sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter où circulaient de nombreuses photos et vidéos. L'attentat n'a pas été immédiatement revendiqué mais son mode opératoire se rapproche d'un autre attentat suicide à la voiture piégée, qui a visé le 17 février dernier à Ankara, non loin de la place Kizilay, des cars transportant du personnel militaire et fait 29 morts. Un groupe dissident du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes), les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), en avait assumé la responsabilité trois jours plus tard et annoncé de nouvelles attaques, notamment contre les sites touristiques turcs. Erdogan refuse de désigner les auteurs l Après ce troisième attentat en cinq mois à Ankara, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, se sont refusés hier dimanche à mettre en cause un quelconque groupe. «Nous avons des informations concrètes sur le groupe terroriste à l'origine de l'attaque», a déclaré le chef du gouvernement, «nous aurons très rapidement les résultats complets de l'enquête et nous les rendrons publics». De son côté, Erdogan a dénoncé des «attaques contre l'unité de notre pays et notre peuple» et annoncé une riposte. «Notre Etat ne renoncera jamais à faire usage de son droit à la légitime défense contre toute menace terroriste», a-t-il déclaré. Dans sa première réaction, Erdogan n'a mis en cause aucune organisation particulière. Les camps des rebelles kurdes bombardés l La Turquie a bombardé ce lundi matin à l'aube les camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) situés dans le nord de l'Irak en riposte au nouvel attentat à la voiture piégée. Une dizaine de chasseurs-bombardiers ont mené une série de frappes contre plusieurs bases des rebelles kurdes dans les montagnes de l'extrême-nord irakien, dans les secteurs de Kandil et Gara. Ces bombardements ont été confirmés par un porte-parole militaire du PKK. Mise en garde US l Il y a deux jours, la diplomatie américaine avait publié sur Internet une mise en garde pour ses ressortissants. L'ambassade américaine avait alerté vendredi dernier ses ressortissants sur une «possible attaque terroriste» à Ankara visant «des bâtiments du gouvernement turc et des immeubles» dans le quartier où a été perpétré l'attentat du 17 février dernier. Elle demandait aux Américains d'éviter certains secteurs d'Ankara, dont les quartiers des ministères, en raison d'une menace terroriste imminente. Washington a expliqué avoir publié cette annonce suite à des renseignements partagés par les autorités turques. En revanche, la Turquie n'avait pas communiqué sur d'éventuelles mises en garde. Ce silence fait donc largement polémique en Turquie depuis l'attentat d'hier soir. Principaux attentats l La Turquie vit depuis l'été dernier en état d'alerte maximale après une série d'attentats meurtriers, dont quatre ont été attribués par les autorités au groupe Etat islamique (EI). Le 17 février dernier, 29 morts et environ 80 blessés ont enregistrés dans l'explosion d'une voiture piégée conduite par un kamikaze en plein cœur d'Ankara. L'attaque, qui visait des véhicules militaires, est revendiquée par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un mouvement armé radical proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Un mois avant, un attentat suicide à Sultanahmet, dans le cœur historique d'Istanbul, fait douze morts parmi des touristes allemands. L'attaque est attribuée au groupe Etat islamique (EI). Mais, le plus meurtrier d'entre eux est celui perpétré, le 10 octobre dernier, par deux kamikazes qui s'étaient fait exploser au milieu de manifestants de la cause kurde devant la gare centrale d'Ankara, faisant 103 morts. Cette attaque, la plus meurtrière jamais survenue sur le sol turc, est attribuée par les autorités à l'EI. En 2015 toujours, un attentat à Suruç, près de la frontière syrienne, fait 34 morts et une centaine de blessés en juillet parmi de jeunes militants de la cause kurde. Il est attribué à l'EI. Une femme kamikaze l L'attentat commis hier dimanche n'a pas été revendiqué mais les autorités turques ont pointé du doigt la piste des rebelles kurdes. "Nous pensons que l'un des responsables est une femme ayant des liens avec le PKK", a affirmé un responsable turc. Cette femme a été identifiée par ses empreintes digitales comme Seher Cagla Demir. Les autorités gouvernementales ont annoncé qu'au moins un des auteurs de l'attaque avait été tué et évoqué la possibilité d'un deuxième «kamikaze».