Lorsqu'on considère le volume «modeste» de production de contenu et de données sur le web algérien et l'absence de e-commerce, entre autres services électroniques,est-il pertinent de faire appel aux outils d'analyse big data actuellement ? Les sources de données sont souvent là ou on ne les voit pas. En effet, il n'y a pas uniquement le contenu dit «institutionnel» car énormément de données sont générées automatiquement par d'autres interactions (logs de serveurs, appels téléphoniques, capteurs, données industrielles, etc.) Je dirais qu'il est toujours «pertinent» de faire appel à aux technologies, notamment les big data, en Algérie comme ailleurs. Car il faut également savoir que ni le volume ni la notion de véracité ne sont contraignants en big data. Les méthodes de traitement et les approches statistiques permettent d'évaluer les donnée incertaines ou de mauvaise qualité, et d'en extraire de la valeur et des tendances. Enfin, les acteurs de l'économie ont toujours besoin d'affiner leurs offres et de consolider leurs positions en acquérant de nouvelles parts de marché. On parle de «data-driven management» et l'Algérie ne fait pas exception. Outre l'économie, quelles opportunités les administrations publiques peuvent-elles tirer des big data dans l'objectif d'intégrer et d'optimiser la e-gouvernance ? Connaître le citoyen est un des prérequis à la bonne gouvernance. A ce sujet, les big data permettent de débloquer des capacités d'analyse exceptionnelles qui peuvent aboutir à une compréhension précise des problématiques de gouvernance. Par exemple, il existe des algorithmes capables de proposer des sites pour construire les prochaines écoles, dispensaires, annexes administratives du pays et ce, à partir du data. On utilise la démographie, les données géographiques, économiques, etc. afin de fournir les meilleures recommandations de sites. On parle alors de data-driven governance. Des méthodes similaire existent déjà dans d'autre contextes ; par exemple, Starbucks utilise des algorithmes similaires pour trouver de nouveaux sites où ouvrir ses cafés, ce qui peut faire tout la différence. A court et moyen termes, comment voyez-vous le futur des big data en Algérie ? A court terme, il y a un besoin de vulgarisation et de pédagogie. Les acteurs locaux ont besoin d'être assistés dans leur compréhension du phénomène et accompagnés dans la conduite du changement. A plus long terme, il faut mettre en place des initiatives concrètes, dictées par le besoin chez les acteurs économiques algériens. A titre personnel, je voudrais profiter de cette tribune pour émettre un message aux acteurs économiques algériens. Les big data sont un phénomène inéluctable dans le monde de l'IT, il faut donc commencer à regarder la question de près. Personnellement, je suis très intéressé par la participation à cette transition en aidant tout acteur local dans sa démarche data (entreprises, étudiants ou autres). Quelles sont les compétences nécessaires pour envisager une carrière dans les big data ? Plusieurs parcours permettent d'accéder aux big data : des mastères en informatique spécialisés en bases de données ou en ingénierie logiciel bien sûr, mais aussi la recherche opérationnelle, les statistiques ou tout autre domaine qui manipule des données peuvent constituer une solide base pour un futur ingénieur data. Quant aux carrières ; Il existe différents métiers dans le monde des big data qui peuvent intéresser un nouveau diplômé. L'ingénieur big data , L'architecte big data ou le profil senior le plus recherché: data scientist qui doit être capable de comprendre les problématiques des différents métiers et proposer des solutions algorithmiques (modèles, systèmes de recommandation, etc.) afin de produire de la valeur à partir de données brutes.