La Commission fédérale des arbitres (CFA) s'est encore distinguée cette semaine par des décisions qui dépassent l'entendement et le bon sens. Vendredi, elle a désigné deux trios d'arbitres pour diriger la rencontre WA Mostaganem-GC Mascara (1-2) de la Division nationale amateur, groupe Ouest. Les deux trios, un de Tiaret et l'autre d'Alger, ont rejoint la cité mostaganémoise dans l'ignorance qu'ils n'étaient pas seuls... Selon une source proche de la CFA, «l'arbitre Boufrioua (Tiaret) a entamé le cérémonial de vérification de licences d'avant-match lorsqu'il a vu débarquer dans les vestiaires son collègue Bekouassa, le frère de Lotfi, l'arbitre international. Un accompagnateur a téléphoné des vestiaires à un membre de la CFA pour lui demander de lui indiquer le nom de l'arbitre qui doit officier cette rencontre. Le choix s'est porté sur Bekouassa». Cette manière de faire est humiliante, dégradante pour les arbitres. Beaucoup de referees qui ont subi ce diktat n'ont pas digéré la pilule. Un arbitre victime de ces agissements s'interroge : «A quel dessein obéit ce type de pratique ?» «La CFA n'a pas confiance en nous, nous soupçonne-t-elle d'être corrompus ? Elle a inventé ce système pour casser le maximum d'arbitres honnêtes.» Sur ce chapitre, l'Algérie est le seul pays au monde où cette pratique (désignation de deux trios) est généralisée. Chaque week-end, des arbitres reçoivent leur désignation, quittent femme et enfants, avalent des centaines de kilomètres, passent la nuit loin de chez eux et 30 minutes avant le coup d'envoi du match, ils sont priés de ranger leur sifflet, faire leur sac et rentrer chez eux. Pendant ce temps-là, les intermédiaires, les tricheurs, les corrupteurs et corrompus agissent à leur guise sans être inquiétés. Des fuites planifiées Les fuites des désignations sont l'œuvre, d'abord, de ceux qui les planifient à l'intérieur et à la proximité du cercle décisionnel. La semaine dernière, les dirigeants du CR Beni Thour (Division nationale amateur, groupe Centre) ont demandé et obtenu le changement de l'arbitre Oukil, initialement désigné par la CFA pour diriger le match contre Réghaïa. Normalement, les clubs ne peuvent connaître l'identité de l'arbitre que lorsque ce dernier arrive au stade une heure et trente minutes avant le coup d'envoi. La CFA a répondu favorablement à la doléance du CR Beni Thour. Cette décision ouvre la porte à toutes les suppositions. Les deux clubs du Sud (Beni Thour et Mekhedma) qui jouent les premiers rôles et sont en course pour l'accession en Ligue 2 se sont plaints plusieurs fois de l'arbitrage. Le MC Mekhedma, par exemple, a écopé de 4 matchs de suspension de terrain après le match face à la JSHD et suite au rapport de l'arbitre Hafirassou. Avant de purger la totalité de la sanction, Mekhedma a été arbitré par le même arbitre à Boumerdès contre l'équipe locale. La semaine dernière, des arbitres de Constantine ont reçu leur désignation pour la rencontre WA Boufarik-CR Ben Badis. Il se trouve que les deux clubs évoluent dans un groupe différent en DNA. Des perles de ce type, la CFA en enfile régulièrement sans se retourner. La dernière blague de la CFA est la suivante : l'arbitre directeur Bahloul a reçu un e-mail de la CFA lui demandant de lui transmettre la feuille de match et le rapport de la rencontre PAC-ABS (Ligue 2) et lui a signifié par le même document sa suspension jusqu'à audition. Trois heures plus tard, il récupère dans sa boîte électronique un autre message dans lequel la CFA l'informe qu'il est désigné pour diriger le match WA Tlemcen-ES Mostaganem (1-5). Un arbitre en activité, désigné quand la CFA le veut bien, a lâché cette sentence : «Cela va de mal en pis.» Ces épisodes renseignent sur la clochardisation rampante de l'arbitrage algérien offert comme un jouet au premier venu. Au fait, le voyage à Paris au printemps 2014 des membres de la CFA et de la Fédération pour étudier le modèle français a-t-il servi à quelque chose ?