Quelque 30 000 malades mentaux sont soignés dans des hôpitaux universitaires, des centres spécialisés et dans les secteurs sanitaires, a souligné le docteur Nacéra Magi, vice-directeur chargée de la santé mentale au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à la veille de la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale. S'appuyant sur des données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur Magi a estimé le nombre des malades mentaux en Algérie à 150 000, notamment dans les grandes villes. Le docteur a indiqué, selon l'information rapportée par l'APS, dans le même contexte, que « le ministère de la Santé a redynamisé le programme national de prise en charge de la santé mentale pour les 4 années prochaines (2006-2009) et l'ouverture de nouveaux centres de proximité et des services au niveau des secteurs sanitaires afin de rapprocher la santé des citoyens et de soulager les familles atteintes par cette maladie, tout en dotant les wilayas de Sidi Bel Abbes, Mostaganem, Batna et la daïra de Sour El Ghozlane de 444 lits, qui s'ajoutent à 4722 autres existants au niveau national ». « Le taux des lits existants, de l'ordre de 1,43 lit pour 10 000 habitants s'avère insuffisant au niveau national et le ministère prévoit, au titre du programme national, de doter les secteurs sanitaires de lits d'urgence pour alléger la pression exercée sur les grands centres hospitaliers », a indiqué le docteur. Concernant les médecins spécialistes, Mme Magi a affirmé que le pays compte 378 médecins spécialistes, soit 1,13 pour 100 000 habitants et 2128 infirmiers, soit 6,44 pour 100 000 habitants, estimant que « ce chiffre ne couvre pas les besoins des populations dans cette spécialité et que le ministère a formé des médecins généralistes et des paramédicaux dans 108 centres intermédiaire à travers 46 wilayas pour la prise en charge des malades ». En ce qui concerne les malades mentaux qui vagabondent dans les grandes villes, le docteur Magi a souligné que « leur prise en charge demande la coordination des efforts des ministères de l'Intérieur, de la Solidarité nationale et de la Santé publique. » Le ministère de la Santé a élaboré une directive à caractère juridique portant sur la prise en charge des malades mentaux en situation de vagabondage, mais elle ne sera opérationnelle qu'après leur recensement par les communes, a-t-elle indiqué, tout en ajoutant que « le ministère de la Santé ne peut à lui tout seul prendre en charge ces malades, car il faut des centres sociaux pour les accompagner, et aussi la famille qui a un rôle à jouer. » Au chapitre des suicides, l'on signale que 30 à 40% des cas de suicide en Algérie sont dus aux dépressions nerveuses, a indiqué le chef de service des maladies mentales à l'hôpital psychiatrique de Chéraga, le professeur Farid Kacha. « L'être humain ne décidera de mettre fin à ses jours qu'après une profonde tristesse », a souligné M. Kacha à la veille de la Journée mondiale de la santé mentale qui sera célébrée aujourd'hui sous le thème Favoriser la prise de conscience - réduire les risques : santé mentale et suicide. Selon les données pathologiques, le taux de suicide en Algérie est de 2 sur 100 000 habitants, notamment chez les hommes d'un âge avancé, et ceux qui souffrent des problèmes de la solitude, des problèmes sociaux, de l'anxiété et des troubles de la personnalité. Pour les tentatives de suicide, le professeur Kacha dira que ce phénomène dépasse de 15 fois les cas de suicide, soit 34,1 sur 100 000 personnes chaque année, notamment chez les adolescents. Selon le même spécialiste, « les personnes âgées et les adolescents sont les plus exposés aux dépressions et au suicide faute de soutien familial, d'écoute et de prise en charge. »