Le mythe du robot intelligent est depuis longtemps ancré dans notre imaginaire. Aujourd'hui, la réalité serait sur le point de rejoindre la fiction. Les chercheurs en robotique et intelligence artificielle se sont engagés, il y a déjà quelques années, dans la conception de machines pensantes ultra sophistiquées. Des robots dont l'apparence est celle de l'être humain viendront dans les prochaines années taper l'incruste dans notre monde. Jusqu'alors, les robots étaient cantonnés à exécuter nos tâches physiques ennuyeuses ou répétitives sans réelle interaction avec l'homme. Grâce aux progrès technologiques et à l'essor de l'intelligence artificielle, des machines d'un nouveau genre côtoient les hommes dans leur univers et s'apprêtent à partager leur quotidien. Abdelkader Nasreddine Belkacem, chercheur permanent en interface cerveau-machine au département de neurochirurgie à l'université d'Osaka (Japon) travaille sur l'humanoïde, ce robot intelligent doté d'une apparence humaine. Sous la direction du professeur Hiroshi Ishiguro, un chercheur éminent dans le domaine de la robotique, le Dr Belkacem travaille aujourd'hui sur un grand projet scientifique intitulé «Impulsing paradigm change through dusruptive technologies program» (IMPACT). L'objectif principal de ce projet est d'arriver à contrôler le robot humanoïde par les signaux électriques du cerveau, et ce, afin d'étudier le processus du multitâche chez l'homme. «Le professeur Ishiguro a réussi à fabriquer des robots japonais qui correspondent à la forme humaine dans ses différents aspects. Ainsi, la machine est une copie fidèle à son modèle humain jusqu'au plus petit détail. Grâce aux nouvelles technologies, l'humanoïde de dernière génération peut copier les mimiques du visage ainsi que la gestuelle des mains jusqu'à l'accomplissement total des mouvements naturels, ce qui permet au robot de créer une réalité humaine», explique le chercheur. Par ailleurs, l'intelligence artificielle ne s'est pas limitée exclusivement à la conception des humanoïdes. M. Belkacem indique que des recherches encore plus avancées se font dans le domaine de l'interaction entre l'homme et la machine. «En tant que chercheur travaillant sur l'interface cerveau-machine, cette technologie permet aux personnes souffrant de handicaps moteur d'interagir avec leur environnement. Il convient également de savoir qu'actuellement la plupart des jeux vidéo que l'on trouve sur le marché international se jouent en se servant uniquement des signaux du cerveau et des mouvements des yeux», instruit le chercheur. Ce dernier explique par ailleurs que les interfaces cerveau-machine sont également conçues au service des personnes âgées qui rencontrent des difficultés dans la vie quotidienne liées à la sénescence ou au problème de santé. «Cette technologie facilitera la vie à cette frange de la population. En utilisant les signaux des muscles, ceux du cerveau ainsi que les mouvements des yeux qui seront transmis à un ‘‘exosquelette''- combinaison robotique -, les personnes âgées pourront effectuer des mouvements en toute facilité», précise-t-il. Mais pourquoi créer un homme-machine ? Au-delà de l'aspect militaire, où les grandes puissances se sont lancées dans une course contre la montre pour mettre au point le premier soldat-machine, et celui médical pour tenter de pallier le manque d'organes ou de membres humains, figurent aussi des aspects pratiques que le commun des hommes à de la peine à imaginer. «Un humanoïde à l'apparence et au comportement réaliste, au point de laisser voir des mouvements du visage et des yeux, peut résoudre plusieurs problèmes. Si vous êtes Président par exemple et que vous voulez aller en Afghanistan, alors pourquoi ne pas envoyer uniquement votre Geminoïde ? Comme ça, vous pouvez être sûr que vous êtes en sécurité. Dès aujourd'hui, grâce à la technique de téléopération, il peut le contrôler parfaitement. Plus encore, si vous avez besoin d'un ordinateur, un navigateur GPS, un garde du corps, un guide, un partenaire, ou même un vrai ami alors pourquoi ne pas avoir un Geminoïde qui rassemble tout ça ? On espère qu'un jour ce type de robot pourrait être contrôlé totalement par le cerveau», résume le chercheur.