Les enseignants contractuels bouclent leur première semaine de marche entamée dimanche dernier depuis le siège de la direction de l'éducation de la wilaya de Béjaïa. Ils ont franchi hier le territoire de la wilaya de Boumerdès après avoir parcouru plus de 160 km et marqué quatre haltes au niveau de la wilaya de Bouira. La veille, il a fallu l'intervention des habitants de la ville de Kadiria, 30 km à l'ouest de Bouira, pour que ces enseignants dont des femmes puissent passer la nuit dans le lycée M'sili Mohamed, et ce, après le refus du directeur de l'établissement d'ouvrir les portes et permettre aux marcheurs d'y entrer. Les enseignants ont dénoncé les agissements et le mépris du directeur de l'éducation de la wilaya de Bouira qui, depuis que les enseignants sont arrivés, mardi soir, n'a cessé d'ordonner aux différents responsables des structures de l'éducation de ne pas les laisser franchir les enceintes des établissements scolaires. Hamraoui Yacine, membre du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), solidaire avec ses collègues, a dénoncé vigoureusement hier les agissements et le comportement «barbare et inhumain» du directeur de l'éducation de Bouira. «Nous avons accompagné la marche des contractuels depuis le premier jour et nous tenons à rendre un hommage à la société civile qui a été d'un grand apport contrairement à l'administration et aux services de la direction de l'éducation de la wilaya de Bouira, à leur tête le directeur, qui d'un geste inhumain ont tout fait pour laisser les enseignants dans la rue, sur la route et sous la pluie. Ils ont fait fermé les dortoirs des établissements scolaires, et plus que ça, ils ont créé beaucoup de difficultés pour l'accès aux établissements, nous dénonçons ces faits et surtout le comportement du premier responsable du secteur de cette wilaya.» Questionné sur l'information faisant état d'un dépôt de plainte du directeur de l'éducation contre le directeur du lycée Krim Belkacem de la ville de Bouira, qui a ouvert les portes de l'établissement aux marcheurs jeudi dernier, notre interlocuteur a indiqué que la section syndicale n'a pas d'assez d'éléments d'information concernant cette affaire. «Cela ne m'étonne pas de sa part !» dit-il. Hier, les enseignants, ayant parcouru plus de 30 km depuis Kadiria en passant par la ville de Lakhdaria jusqu'à Beni Amrane dans la wilaya de Boumerdès, menacent de recourir à la grève de faim et à une démission collective, surtout que les pouvoirs publics campent toujours sur leurs décisions. «Aujourd'hui, nous avons décidé d'une démission collective. Et le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, qui aurait annoncé de bloquer tous les accès menant au siège de la Présidence à El Mouradia, ne pourra nous arrêter», a déclaré Bachir Saidi, porte-parole des enseignants contractuels, tentant de réguler la circulation automobile en l'absence des unités de la Gendarmerie nationale, hier, sur le tronçon de la RN5 emprunté par les marcheurs de Lakhdaria vers Beni Amrane. «Nous continuerons notre marche vers Alger et si les pouvoirs publics recourent à la force publique pour nous barricader la route, nous entamerons une grève de la faim. Nous avons un mot d'ordre : l'intégration ou la mort», menace M. Saidi. Et de souligner que cette décision a été prise à l'unanimité par les enseignants dont certains ont d'ores et déjà déposé leurs démissions, et c'est le cas de Mesrane Ali, enseignant au lycée Ben Badis dans la commune de M'chedallah, wilaya de Bouira. Les marcheurs affirment avoir aussi le soutien de leurs élèves. Dans la wilaya de Bouira, des lycéens ont décidé, selon des sources, de boycotter les cours, en signe de solidarité avec ces enseignants. La reprise des cours prévue aujourd'hui sera incontestablement perturbée.