Les enseignants contractuels sont arrivés, hier, à Boumerdès, précisément à Beni Amrane où ils ont été accueillis par les membres des syndicats enseignants de la wilaya et de nombreux citoyens de la localité. Alors que le Premier ministre aurait instruit, selon une source du Cnapest, la ministre de l'Education et la direction de la fonction publique pour trouver une solution aux problèmes des enseignants contractuels, la grande marche entamée par ces derniers vers la capitale depuis la ville de Béjaïa, dimanche dernier, se poursuit. Elle est arrivée, hier, à Boumerdès, précisément à Beni Amrane où plus de 400 marcheurs ont été accueillis par les membres des syndicats enseignants de la wilaya et de nombreux citoyens de la localité. Les marcheurs devraient passer la nuit dans la salle de sport du lycée des frères Kssiouer de Beni Amrane avant de poursuivre ce matin leur procession vers Thenia et la ville de Boudouaou. De nombreux enseignants de Boumerdès se sont joints à l'action de leurs collègues qui ont réussi, jusque-là, à parcourir plus de 200 km toujours déterminés à se faire entendre. "Nous refusons la précarité que les autorités veulent imposer non seulement aux enseignants vacataires mais aussi à tout le monde du travail", affirme un manifestant qui qualifie la situation des contractuels d'alarmante. "Aujourd'hui, ce sont les enseignants, demain ce seront d'autres catégories de travailleurs qui vont souffrir de la précarité de l'emploi", ajoute un syndicaliste du Cnapest de Boumerdès venu apporter son soutien aux marcheurs. Il s'étonne que la bureaucratie des textes continue à prendre le dessus sur la logique et le bon sens. "L'intérêt des parents et de la société est de faire bénéficier les élèves d'un enseignement de qualité que seuls les gens ayant acquis de l'expérience pendant des années sur le terrain peuvent donner", estime un parent d'élève. Ils sont arrivés à Boumerdès après avoir traversé la wilaya de Bouira où ils ont passé la nuit. "Si le pouvoir use de moyens de répression à notre encontre, ou s'il nous empêche de manifester à Alger, nous allons y répondre par le pacifisme. Nous avons étudié cette éventualité et nous avons décidé d'observer une grève de la faim", dira le porte-parole des enseignants contractuels qui sont arrivés, hier, dans la wilaya de Boumerdès. "Nous n'avons pas peur" Il est vrai que depuis hier, dans la matinée, une rumeur circule faisant état de la décision du wali d'Alger d'interdire cette marche en déployant un important dispositif sécuritaire à l'entrée de la capitale. "Nous n'avons pas peur. Si nous sommes réellement en démocratie, les autorités doivent nous permettre de marcher sur Alger. À Béjaïa et Bouira, nous avons prouvé que notre mouvement est pacifique", ajoutera notre interlocuteur. En effet, très tôt dans la matinée d'hier, les marcheurs de "la dignité" ont quitté la ville de Kadiria, où ils ont passé la nuit au CEM Messyel-Mohamed, pour continuer leur périple devant les conduire jusqu'à Alger. Sous des températures clémentes, car le mercure ne dépassait pas les 18o, ces professeurs en colère, ont traversé les communes de Lakhdaria, ainsi qu'une partie de la commune de Bouderbala, avant de pénétrer dans la frontière de la wilaya de Boumerdès, à la mi-journée. Vers 13h, ils ont observé une halte au niveau des gorges de Lakhdaria, pour se restaurer et surtout soigner leurs blessés. "Nous avons passé notre vie à passer des concours !" L'ambiance était des plus conviviales, et les marcheurs donnaient l'impression d'avoir organisé un pique-nique géant. Pour Khaled Tazaghart, un député qui les accompagne depuis le début de l'aventure, "les plus hautes instances de l'Etat doivent s'impliquer davantage dans ce dossier", a-t-il dit. Mieux encore, et d'après notre interlocuteur, "le jusqu'au-boutisme" de la ministre de l'Education est "contre-productif". À titre indicatif, Mme Benghabrit réaffirme que"le concours est obligatoire" même pour cette catégorie d'enseignants, indiquant que "c'est la loi qui le stipule". Bien évidemment, les enseignants contractuels, qui participent à cette marche, ne l'entendent pas de cette oreille. "Des concours ? Nous avons passé notre vie à passer des concours", dira Mme Ben-Mohamed, l'une des figures de proue de ce mouvement. Saïdi Bachir abondera dans le même sens en ajoutant : "Les concours, nous savons ce que ça vaut. Les interventions et autre favoritisme y sont légion. Non. Nous voulons notre intégration", a-t-il insisté. M. T./RAMDANE B.