La crise des enseignants contractuels a jeté une ombre sur le débat sur la deuxième génération des programmes issus de la réforme de l'éducation. Pour de nombreux observateurs, même si la réaction des contractuels semble spontanée et justifiée à l'annonce du concours, la récupération politicienne et syndicale qui l'accompagne cache bien une volonté de bloquer le débat sur la réforme. La ministre de l'Education nationale, qui continue d'être attaquée par certains courants, compte bien des soutiens. Les membres du bureau national de l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE) «apprécient à leur juste valeur» les objectifs assignés aux nouveaux programmes de deuxième génération élaborés par la commission nationale ad hoc. Les membres du bureau national de l'ANPE, présidé par Ahmed Khaled, rappellent, dans un communiqué rendu public, que «l'Association a pris acte des nouvelles propositions telles que l'allégement conséquent du cartable, l'assouplissement du rythme de travail et la modernisation des méthodes d'enseignement pour plus d'efficacité dans l'apprentissage des langues, l'introduction des activités périscolaire et la valorisation du patrimoine culturel et historique arabo-musulman, amazigh et universel dans les manuels scolaires algériens». Tout en rappelant que les efforts de modernisation de l'école algérienne sont le fruit d'une concertation entre plusieurs partenaires, l'ANPE note «avec satisfaction» que les mesures prises pour la rentrée prochaine sont une concrétisation des recommandations de la conférence nationale d'évaluation de la réforme organisée en juillet et à laquelle l'ANPE avait activement pris part, à l'instar de tous les participants. L'Association appelle à défendre la stabilité du secteur et au respect du droit des enfants algériens à une scolarité de qualité. «Le bureau de l'Association invite la communauté éducative à faire preuve de discernement et de bon sens, afin d'éviter les amalgames et les rumeurs qui risquent de nuire à cette œuvre collective et de redressement de notre école», précise l'ANPE dans son communiqué. Dans une déclaration rendue publique hier, le Satef affirme qu'il ne peut pas se taire devant la «polémique stérile et byzantine actionnée par des revanchards (…) et par certains malades idéologiquement». Saut qualitatif Selon le syndicat, il est venu le temps que chacun prenne ses responsabilités afin de permettre à l'école de «s'engager dans la voie de la sérénité, du sérieux et du travail». «Nous conformer aux standards internationaux n'est pas une dépersonnalisation, comme veulent le faire croire certains. Il s'agit de voir ce qui a permis aux autres pays d'avoir une école de qualité et le confronter à nos spécificités», précise le syndicat, qui s'en prend à ceux qui refusent d'aller vers une école républicaine de qualité et accessible à tous. Le Satef reconnaît que les réformes engagées satisfont une bonne partie de ses revendications et considère que «ce saut qualitatif» profitera à coup sûr aux enfants. «Bien que nous soyons vigilants quant à l'évolution et à l'application de ces réformes, nous nous désengageons de toute forme d'idéologisation qui a de tout temps pollué les débats concernant l'éducation de nos enfants», précise le signataire de la déclaration, M. Amoura, secrétaire général du Satef. Les efforts engagés par Mme Benghebrit sont reconnus par le syndicat qui appelle au perfectionnement de la démarche : «L'école algérienne est sinistrée. Cette ministre a dès son installation essayé, tant bien que mal, de trouver les remèdes possibles et adéquats après un diagnostic établi avec tous les partenaires sociaux, sociologiques et académiques. Cette approche n'est pas parfaite et le processus est long, mais c'est un début. Mme Benghebrit a le mérite d'avoir essayé et mis le doigt sur la plaie.» Le Satef dénonce par la même occasion ceux qui ont été «dégommés de leur poste de cadre au ministère de l'Education nationale et qui, par esprit revanchard, nous chantent le danger que portent ces programmes de deuxième génération pour nos enfants, alors qu'ils portent l'entière responsabilité de l'échec de l'école algérienne et du niveau de notre système éducatif», rappelle le Satef, qui révèle que «ces anciens responsables envoient leurs enfants étudier en France, alors qu'ils défendent l'idéologisation de l'école».