Le Premier ministre français arrivera aujourd'hui à Alger à la tête d'une délégation forte de dix ministres pour discuter coopération avec les autorités algériennes, alors que les relations entre les deux pays connaissent un nouvel épisode de crispation. Tension ou couac de circonstance dans les relations entre Alger et Paris ? Le Premier ministre français, Manuel Valls, entamera dans la soirée une visite en Algérie, deux jours après la convocation de l'ambassadeur de France par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. La publication par le journal Le Monde de la photo du président Bouteflika pour illustrer le dossier sur les révélations des Panama Papers a fait réagir d'abord la Présidence par l'envoi d'une mise au point au journal, puis la diplomatie algérienne pour montrer «l'inconfort» de la situation dans laquelle a été mis Abdelaziz Bouteflika par une campagne médiatique jugée «hostile à l'Algérie». Hier encore, le refus d'octroi de visas à des journalistes devant accompagner Manuel Valls, malgré l'intervention de ce dernier auprès de Sellal, a fait monter d'un cran les signes d'un réel malaise. Les épisodes de «je t'aime, moi non plus» entre les deux pays ont souvent émaillé les visites d'officiels français. Le ton monte et descend au gré des conjonctures, suivant les baromètres de popularité ou d'impopularité des dirigeants des deux pays auprès de leurs populations respectives. Mais les brouilles entre les deux Etats ont toujours trouvé matière à compromis dans les affaires. Cette nouvelle brouille finira-t-elle noyée dans la signature d'alléchantes transactions ? Le «pragmatisme» des intérêts économiques l'emportera-t-il encore une fois sur la gêne des autorités algériennes ? Un agenda centré sur la coopération économique A voir l'agenda de cette visite, orientée principalement sur la coopération économique, il y a peu de place pour le doute, même si la gêne sera décelable chez les officiels des deux pays. De nombreux accords sectoriels seront signés, annoncent déjà les deux parties, à la faveur de cette troisième rencontre entre les deux gouvernements. Il sera aussi question de la tenue d'un Forum sur le partenariat économique. Accompagné d'une dizaine de ministres, Manuel Valls prendra part demain à ce Forum auquel participeront une centaine de chefs d'entreprises français, ainsi qu'aux Assises de la formation professionnelle, avant de présider avec son homologue, Abdelmalek Sellal, la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau. «La France a confiance en l'avenir de l'Algérie» La rencontre du Comité intergouvernemental sera consacrée à l'examen de la coopération bilatérale dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture, de l'hydraulique et de l'environnement, de l'éducation, des transports, de l'intérieur et de la justice, de l'enseignement supérieur, de la culture et des affaires religieuses. «Ce Comité sera l'occasion de conclure de nouveaux partenariats économiques, des pactes d'actionnaires, des accords sur des projets de long terme, créateurs d'activités et d'emplois. La France dit ainsi sa confiance en l'avenir de l'Algérie», a indiqué Manuel Valls dans un entretien accordé à El Watan. Défendant le bilan des investissements français en Algérie, M. Valls dit souhaiter que «les entreprises françaises puissent avoir de la visibilité, évoluer dans un environnement clair, sécurisé, en particulier sur le plan juridique». Plus qu'un souhait, cette phrase prend le ton d'une critique directe du climat des affaires en Algérie, jugé «inadapté». La signature d'accords, il en sera toutefois question. Outre ceux dans les domaines de l'éducation, de l'emploi et de la santé, il sera question du projet de production d'isolateurs électriques et de vannes hydrocarbures, en sus de la création d'une joint-venture dans le secteur de l'engineering industriel. Le projet d'implantation de l'usine Peugeot-Citroën figure au menu des discussions, ainsi que celui relatif à la valorisation du phosphate et à la production de gaz industriels. Le groupe Lafarge discute aussi la réhabilitation de la cimenterie de Raïs Hamidou, à Alger, ainsi que la réalisation d'une plateforme d'exportation de ciment.