La wilaya de Tizi Ouzou est en passe de devenir la région la plus insalubre du pays. Plus de 2500 dépotoirs sauvages ont été dénombrés. Même le barrage de Taksebt, principal réservoir qui alimente en eau potable les villages, n'est pas à l'abri des pollueurs qui y déversent toutes sortes de détritus, mais aussi des cadavres de vaches et de moutons. Pis, cet ouvrage hydraulique risque d'être achevé par une pollution plus dramatique pour les humains si rien n'est entrepris pour réaliser des bassins de décantation. En cause, cette belle et généreuse surface d'eau située en aval d'une vingtaine de villages est «arrosée» par des eaux usées provenant des localités d'Ath Yenni, Irdjen, Ouadhias, Ouacifs, Ath Douala et une partie de Larbaâ Nath Irathen. Face à ces agressions que subit la nature au quotidien, le mouvement associatif a décidé d'agir sur le terrain, malgré le peu de moyens dont il dispose pour «attaquer» un chantier d'une telle envergure que l'Etat peine à entamer. C'est le cas de l'association scientifique et écologique Arc-en-ciel, qui multiplie les actions de nettoyage et de sensibilisation. «Nous avons fait de notre environnement un dépotoir à ciel ouvert. Dans ces conditions on ne peut, malheureusement, développer une économie écotouristique de prédilection, propre à la Kabylie. Tous ses habitants doivent s'unir, main dans la main (en dehors de toute considération politique), pour déclencher une dynamique de nettoyage», dit Rachid Doufène, président de cette association. Bel exemple qui commence à faire tache d'huile, les villages limitrophes de la rive d'Ath Irathen se sont constitués en comités et en associations dans le but d'assurer la propreté de leurs hameaux respectifs. Outre les volontariats, Arc-en-ciel propose l'idée d'une «charte pour la propreté» pour chaque daïra qui sera matérialisée par une «convention collective» ratifiée par les pouvoirs publics, les collectivités locales et la société civile (comités de village et associations). «La charte dont la durée sera d'une année, souscrira le nettoyage de la Kabylie sous forme d'une trêve qui permettra aussi de reconstruire les passerelles détériorées entre les pouvoirs publics et la société civile», ajoute M. Doufène. Il sera aussi fait une proposition aux directions de wilaya, à l'instar de la Conservation des forêts, la direction de la culture, la DJS et la direction de l'environnement pour s'inscrire dans cette charte dont l'APW sera aussi partie prenante. La wilaya de Tizi Ouzou, que l'on surnommait la «petite Suisse» dans les années 1970 retrouvera-t-elle un jour son visage d'antan ?