J'ai ramassé ce tas de ferraille sur les rives du barrage de Taksebt. Je passe souvent récupérer du plastique et du fer que je vends à des récupérateurs qui viennent chaque semaine », dit Mohamed, 13 ans, tractant une carcasse d'un appareil électroménager, sur les accotements de la RN15, qui relie Tizi Ouzou à Larbâa Nath Irathen, à hauteur du barrage hydraulique Taksebt. Aidé par son petit frère, ces enfants récupèrent des déchets recyclables que d'incorrigibles personnes précipitent dans le barrage. Le même constat est valable à l'autre versant, sur les berges de l'infrastructure qui longent la RN30 où l'on trouve également toutes sortes d'emballages. Le barrage est également menacé par d'autres sources de pollution, d'origine ménagère et industrielle. Pas moins de 17 communes déversent, quotidiennement, des milliers de mètre cubes d'eaux usées dans les ravins qui se jettent dans le bassin versant du barrage. Aux alentours, il n'existe pas de grandes industries, susceptibles de porter atteinte aux eaux du barrage, mais de petits ateliers, telles que les huileries et les stations lavage qui se comptent par dizaines, constituant un agent pollueur avec des rejets chimiques. Rappelons que dans ce contexte, 103 huileries ont été fermées depuis le début de la campagne oléicole, à travers la wilaya de Tizi Ouzou pour non-conformité aux normes environnementales. Pour le maire de la commune d'Irdjen, M. Leslous, « 70% des rejets en eaux usées de ma commune se déversent dans les talwegs et rejoignent les eaux du barrage étant donné la proximité des villages du bassin versant. D'ailleurs, notre agglomération est concernée par une étude pour la protection du barrage et son environnement ». A Larbâa Nath Irathen, le plus grand souci est la décharge sauvage qui se trouve sur la route qui mène vers le village Aït Atteli, à quelques encablures du chef-lieu communal. « Cette décharge se trouve en amont du barrage Taksebt et constitue inévitablement une source de pollution si des mesures ne sont pas prises à brève échéance », déclare le maire, M. Lounis, avant d'ajouter : « Nous attendons une suite à la délocalisation du projet du CET dans la commune d'Aït Aggouacha sur un site plus approprié. » Par ailleurs, à la direction de l'hydraulique l'on se veut rassurant et on ne s'alarme point. « L'éloignement de la plupart de ces communes du barrage Taksebt permet aux eaux usées, pour l'instant, d'effectuer leur propre autoépuration en traversant plusieurs kilomètres avant d'atteindre le bassin. Néanmoins, il y a 5 communes qui posent problème : Aïn El Hammam, Larbâa Nath Irathen, Irdjen, Ouacifs et Ouadhias, pour lesquelles il est projeté la construction de 5 stations d'épuration, dont 2 à Irdjen et une dans chaque commune de Aïn El Hammam, Ouadhias et Ouacifs. Ainsi que la réalisation de 300 bassins de décantation. Malheureusement, le terrain accidenté de la région ne nous permet pas d'en inscrire plus », explique le chargé d'étude. Les responsables indiquent, par ailleurs, que l'étude pour la protection de la cuvette du barrage Taksebt est fin prête. Elle sera proposée, selon le directeur de l'hydraulique, M. Abbas, au ministère de tutelle pour son inscription dans le cadre du programme de 2010-2014. L'opération comprend également le prolongement du réseau d'assainissement de 8 km, précise-t-on encore, tout en rassurant sur la qualité de l'eau qui arrive au consommateur. Et ce, grâce, explique-t-on, au suivi et au contrôle quotidien des eaux du barrage.