Le prétendu «pôle thermal» de Mechta Smar, à Teleghma, n'est en réalité qu'une colonie anarchique de thermes, réalisée sur des terres agricoles. Composée de onze bains thermaux, la colonie en question occupe 14 hectares de terres de la zone 7 du périmètre irrigué de Teleghma, que les pouvoirs publics s'attellent depuis des années à mettre en valeur pour booster l'agriculture dans la région. Quelques-uns de ces établissements sont érigés sur des parcelles de terre privées, d'autres, au nombre de huit, sur le domaine public, mais ni les uns ni les autres n'activent dans la légalité, compte tenu des soi-disant autorisations d'exploitation détenues par les propriétaires de ces hammams. Mais ces établissements, qui portent un sérieux préjudice au périmètre irrigué par leurs eaux polluées de minéraux, n'ont pas poussé à l'insu des autorités. C'est même avec la complicité des pouvoirs publics qu'ils ont vu le jour. Certains propriétaires mettent en avant des contrats de concession qui leur ont été délivrés par le ministère du Tourisme à partir de 2005, d'autres se prévalent de simples registres du commerce octroyés par la direction du secteur. Mais au fond, ni le document de concession du ministère ni le registre du commerce ne sont valables dans un investissement de ce genre, car les eaux thermales souterraines utilisées par ces établissements demeurent une propriété inaliénable de l'Etat. Mieux, par les eaux thermales riches en sel, ces hammams constituent une vraie menace pour l'activité agricole que les pouvoirs publics tentent de relancer dans cette région sur une superficie de plus de 8000 ha dans le cadre du périmètre irrigué de Teleghma, dont les opérations de mise en valeur, dévouées à l'Office national de l'irrigation et du drainage (ONID), tirent à leur fin. Une source des services de la direction de l'hydraulique de la wilaya affirme qu'en plus des 11 thermes, la région de Mechta Smara, dans la commune de Teleghma, compte 153 forages illicites, dont certains ont été creusés à des profondeurs «abyssales», soit près de 200m. La même source indique que ces forages font monter les eaux salées souterraines en surface, ce qui ne manquera pas de compromettre tout le projet du périmètre irrigué. Pour sa part, le directeur des Domaines de l'Etat propose l'expropriation des terres privées où sont implantés les établissements controversés, en mettant en avant qu'ils exploitent dans l'impunité des ressources hydriques, dont la propriété relève du domaine exclusif de l'Etat. Qualifiant la situation d'«illégale» et d'«anarchique», le wali a exigé la réalisation d'une étude d'aménagement de ce prétendu «pôle thermal» en menaçant de recourir à la démolition des bâtisses pour récupérer cet espace et faire «triompher la légalité».