Le long métrage Ahmed Bey retracera le combat du dernier Bey de Constantine contre l'armée coloniale française. Le premier tour de manivelle a été donné, dimanche matin, au palais du Bey, à Constantine, en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi. Produit par le Centre algérien du développement du cinéma (CADC), le film sera réalisé par le Tunisien Chawki Al Mejri, connu surtout pour ses travaux pour la télévision, comme Ikhwatou al tourab (Les frères de terre), Taj min chaouk (Une couronne en épines) et Al Tarik al Waer (Chemin escarpé). La carrière internationale de Chawki Al Mejri, souvent établi en Syrie, a été lancée par la série télévisée El Ijtiah (L'incursion), qui raconte une histoire d'amour entre un Palestinien et une Israélienne, et par un film, Mamlakatou al naml (Le royaume des fourmis). Cette fiction, sortie en 2012, s'intéresse également aux Palestiniens, à leur drame et à leurs espoirs. Ahmed Bey évoque l'itinéraire, encore peu connu, du dernier Bey ottoman de Constantine, Hadj Ahmed Bey Ben Mohammed Chérif. A partir de 1836 et jusqu'à 1848, Ahmed Bey avait affronté les troupes de l'armée coloniale française, rendant la prise de Constantine compliquée. Dans son scénario, Rabah Drif tente de lever le voile sur certaines aspects cachés de la vie d'Ahmed Bey et de sa cour. Le contexte historique de l'époque est mis en valeur dans un film qui n'a pas vocation de «réécrire» une histoire qui, elle même, n'est pas encore écrite ! Karim Boudechiche, comédien et metteur en scène au Théâtre régional de Constantine, assure le rôle d'Ahmed Bey. «La personnalité d'Ahmed Bey ne m'est pas étrangère, surtout qu'il est natif de la région. J'ai joué le rôle d'Ahmed Bey dans un docu-fiction biographique de Haya Djelloul. Le réalisateur s'est intéressé à tous les aspects politiques, sociaux et économiques liés à la vie d'Ahmed Bey. Donc, j'ai beaucoup appris en cours de route. Ahmed Bey était rigoureux, lucide et juste. Il avait une forte personnalité, avait eu à prendre des positions historiques», a souligné Karim Boudechiche. La scène, tournée lors du premier tour de manivelle, concernait un conseil consultatif présidé par Ahmed Bey dans son palais après la trahison de Cheikh Larbi. «Le projet du film Ahmed Bey est arrivé à maturité. Toutes les conditions sont réunies pour que le tournage commence. Nous avons voulu clôturer la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe en lançant la production de deux films, Ahmed Bey et Ibn Badis, deux symboles de la ville. Le cinéma algérien s'est intéressé à plusieurs héros de la guerre de libération. Nous voulons cette fois aller plus loin en explorant les thèmes liés à la résistance des Algériens lors des premières années de l'occupation. A ce propos, il n'y a eu que deux films, Bouaâmama (Benamar Bakhti) et Fathma n'Soumer (Belkacem Hadjadj)», a rappelé Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture. Une partie du tournage des longs métrages Ahmed Bey et Ibn Badis se fera au niveau de l'«atelier» d'El Achour, à Alger, là où la fiction sur l'Emir Abdelkader devait être filmée. Le ministre de la Culture a annoncé que le dossier du film sur l'Emir Abdelkader sera bientôt repris, après que toutes les entraves auront été évacuées. Les films Ibn Badis et Ahmed Bey seront réalisés par deux cinéastes étrangers, le Syrien Bassil Al Khatib et le Tunisien Chawki Al Mejri. Pourquoi ? «Le cinéma n'est plus local. Et il n'y a plus de ‘‘social'' dans le cinéma. Seul le professionnalisme prime, autant pour les réalisateurs que pour les comédiens ou les cadreurs. Nous prenons les meilleurs. La nationalité importe peu. Evoquer la nationalité relève d'un regard et d'une position non culturels et non professionnels. Nous travaillons pour produire un film réussi. Rien n'empêche de solliciter des cinéastes étrangers pour assurer justement cette réussite. Réussite qu'un cinéaste algérien peut aussi garantir», a répondu le ministre de la Culture. Le tournage de Ahmed Bey aura lieu à Constantine, Biskra et Alger. La production exécutive est assurée par Samira Hadj Djilani.