Le film éponyme Ahmed Bey, ayant combattu à son corps défendant le colonialisme français (1786 - 1851) sera réalisé par le Tunisien Chawki Al Mejri. Le premier tour de manivelle a été donné, dimanche matin au Palais du Bey, à Constantine. Et celui du long métrage Ibn Badis sera étrenné le 15 mai 2016 à Alger, par le cinéaste syrien Bassil Al Khatib. Et ce, après le lancement en grande pompe et à coups de millions de dollars, du film portant sur biopic de l'Emir Abdelkader (1808-1883, le stratège militaire, philosophe, soufi , humaniste ayant combattu l'occupation française) qui devait être réalisé par l'Américain Charles Burnett. Le projet a capoté. Charles Burnett s'est «volatilisé». Le financement parti en écran…de fumée. Et le film ? Tromperie sur la marchandise. Ainsi qu'un long métrage sur les Touareg est en train d'être tourné par un…Iranien, avec une équipe syrienne au Sud. Sans chauvinisme ni nationalisme mal placé ni «xénophobie ordinaire» ou encore faire dans «l'exception culturelle». Il est logique et légitime de se poser des questions. Car c'est l'argent de l'Etat. Et de s'étonner devant ce choix sélectif au détriment des réalisateurs algériens se sentant victimes d'un ostracisme insidieux ne voulant guère dire son nom. Ils ne demandent qu'à être mis à contribution, associés, encouragés et mis en confiance. Pour exprimer modestement leur acte créatif. Les Lyès Salem, Nadir Mokknèche, Merzak Allouache, Ahmed Rachedi, Rachid Bouchareb…en sont la preuve patente. Ou alors l'on juge dans les hautes sphères qu'ils sont incapables et dignes d'adapter à l'écran des figures historiques de l'Algérie. «Je ne suis même pas au courant de cela. Mais c'est bien dommage ! Les producteurs et les cinéastes algériens ont été dépossédés de leur vocation. Il faut qu'ils ( producteurs réalisateurs) occupent le terrain avant les autres. Il faut investir le terrain si les étrangers sont les premiers à prendre l'initiative…» commentera l'universitaire, critique et «Monsieur cinéma», Ahmed Bédjaoui, le frais émoulu président du Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographiques (Fdatic). Ammar Kessab, expert en politiques culturelles étayera : «Je rappelle à l'actuel ministre de la Culture l'affaire du film sur l'Emir Abdelkader qui a coûté 18 millions de dollars, dont 13 millions de dollars se sont évaporés sans le moindre tournage, après que le producteur américain du film a disparu. Dans ses propos, le ministre semble vouloir tourner la page de ce scandale. Or, il n'a pas le droit de balayer d'un revers de la main un scandale éclatant, car l'argent volé appartient aux citoyens algériens et non pas au ministère. La justice doit intervenir, sans tarder, dans ce dossier… En 2015, le budget consacré au secteur du cinéma en Algérie a atteint environ 2,2 milliards de dinars, soit environ 20 millions de dollars. Ce montant ne prend pas en compte les montants injectés dans le secteur, dans le cadre de Constantine capitale de la culture arabe. Rien que ces 20 millions de dollars représentent le double du budget global de la culture d'un pays comme la Côte d'Ivoire. Et pourtant l'Algérie demeure sans poids en matière de cinéma au niveau régional. Une bonne partie de cet argent finance le tournage des films. Or, à ce jour, nous avons peu d'informations sur les films financés. Par ailleurs, on ne connaît pas les noms des membres des comités de sélection des films, le nombre de projets financés, les critères de sélection, les montants alloués, etc. Le financement du cinéma en Algérie reste donc complètement opaque…» Le réalisateur Djamel Azizi (Le dernier Safar, J'ai 50 ans) déclare : «On est classés en deuxième catégorie dans notre propre pays. Des producteurs, cinéastes et techniciens de seconde zone. C'est un mépris envers cette catégorie de la société civile. A l'endroit des intellectuels. C'est trop facile de faire appel à un étranger. Et puis avec de l'argent public. C'est inadmissible ! Les réalisateurs et les techniciens chôment en Algérie…»