La valse des dirigeants continue dans le secteur de la Poste et des Télécommunications. Le PDG d'Algérie Télécom, Azouaou Mehmel, en poste depuis 2012, a été démis, mercredi soir, de ses fonctions alors qu'il était en mission à l'intérieur du pays. L'information n'a pas été annoncée officiellement par la tutelle ni les raisons qui en sont à l'origine. Plusieurs sources concordantes mettent en avant des «divergences» entre Azouaou Mehmel et la ministre de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication, Houda Imane Feraoun. Celle-ci lui reprocherait notamment «ses ambitions ministérielles». La décision n'a «rien à voir avec la gestion de l'entreprise, elle est en relation avec la tutelle car il était en train de faire du bon travail», nous dit une source proche du secteur. Un ancien conseiller du ministère des MPTIC précise qu'il y «a eu plusieurs tentatives pour le limoger, mais il avait à chaque fois pu bénéficier d'interventions en sa faveur». L'information circulait depuis plusieurs semaines déjà, confirme une autre source qui évoque un possible lien avec le fait que, pour la première de l'histoire de l'opérateur historique, l'ex-PDG avait ouvert une filiale en Espagne (Madrid) pour laquelle l'installation d'un responsable se fait attendre depuis un mois. «Le PDG est prisonnier de sa tutelle, d'où le retard», explique l'ancien conseiller du ministère. «Les entreprises du secteur sont gérées comme des entités administratives dans lesquelles la tutelle s'ingère systématiquement», ajoute-t-il. Certains hauts cadres d'Algérie Télécom soutiennent que Azouaou Mehmel était «bloqué» dans son travail par «la ministre qui l'aurait soupçonné de convoiter son poste». Tout est «subjectif», commente l'ancien conseiller du ministère, tout en mettant en avant le fait que les résultats d'Algérie Télécom sous ce responsable n'étaient pas spectaculaires. «L'Algérie est toujours mal classée dans les rapports sur les TIC, et c'est souvent le problème des infrastructures qui est mis en avant, les clients se plaignent encore de la qualité de service, les entreprises vont héberger leurs sites web à l'étranger car elles n'ont pas confiance, le projet de la fibre optique à la maison n'a pas vu le jour, etc. On en est au même point, mais le problème c'est qu'on ne nomme pas sur des objectifs et on licencie sans évaluations alors que cela doit se faire sur la base d'un contrat d'engagement avec des objectifs bien définis», poursuit notre source. A rappeler que Azouaou Mehmel n'est pas le seul patron du secteur à être remercié. Le dernier en date étant le PDG de Mobilis, Saâd Damma, limogé au début du mois de décembre de l'année écoulée et remplacé à titre d'intérim par le directeur général adjoint du pôle commercial d'Algérie Télécom, Mohamed Habib, toujours à ce poste depuis près de six mois. M. Damma avait lui-même remplacé Azouaou Mehmel quand ce dernier était nommé à la tête d'Algérie Télécom. Une instabilité qui porte préjudice et qui fait dire à l'un des cadres du secteur que celui-ci «ne décollera que le jour où on fera disparaître le ministère des MPTIC». Mohamed Sbaa, ingénieur en télécom a été désigné PDG par intérim.