La troisième édition de l'expo collective Picturie Générale, qui se tiendra demain à 15h, réunira 23 artistes algériens dans un espace insolite, le marché Volta. Mourad Krinah, commissaire de cet événement, nous dévoile le choix de ce lieu. - Le marché Volta va abriter, ce samedi, Picturie Générale 3 ; pourquoi le choix de ce lieu ? L'idée première de Picturie Générale est d'investir les lieux le temps d'une exposition, qui ne sont pas forcément dédiés à cette pratique. Cela nous oblige à penser différemment l'accrochage et d'interagir avec des publics différents, qui ne sont pas forcément connaisseurs ni habitués à ce genre d'événement. Par exemple, le public d'Artissimo, lieu de la première PG, est constitué d'enfants qui prennent des cours là-bas, celui de la Baignoire voit passer beaucoup d'acteurs du monde de l'entreprise. C'est cette nouveauté qu'on trouvait intéressante. Je considère aussi les lieux investis comme des TAZ (des zones d'autonomie temporaire) décrites dans un livre homonyme par l'auteur américain anarcho-soufi Hakim Bey en 1991. Ces TAZ sont proches des utopies pirates et des free parties techno (l'exposition est autogérée et autofinancée par les artistes, les décisions sont prises collectivement). L'idée est d'investir des lieux temporairement dans un esprit de communautarisme, de fête et de liberté, et j'espère qu'on trouvera dans ce que nous proposons des œuvres dans PG 3. Concernant le marché Volta, nous ne l'avons pas choisi à proprement parler. Nous avons cherché longtemps un espace à occuper, et grâce à des amis communs, nous avons pu joindre le propriétaire qui a accepté tout de suite de le mettre à notre disposition. C'était inespéré parce que ce lieu a toujours fait fantasmer les artistes qui voyaient en lui une friche parfaite à transformer en centre d'art. On ne pouvait rêver mieux, d'autant plus qu'il nous permettra cette fois d'interférer avec le quartier et de recevoir un public vraiment inhabituel. - Quelles ont été les difficultés pour accrocher et installer les œuvres des artistes dans cet espace singulier ? Il est toujours difficile d'investir un espace inhabituel. Une galerie, par exemple, est conçue pour montrer des œuvres d'art et qui est équipée pour. Ici, il a fallu tout inventer : trouver des solutions puisque les murs ne sont pas forcément praticables (pierre, brique, etc.). Il a aussi fallu nettoyer un espace qui est resté à l'abandon pendant de nombreuses années. La plus grande difficulté a été d'accrocher certaines œuvres à la charpente métallique : la hauteur sous-plafond étant très importante. Tout cela, je le répète, avec les moyens du bord, puisqu'ils dépendent de la participation des artistes uniquement. - Comment s'est faite la sélection des artistes participants ? La sélection est très subjective. Ce sont des coups de cœur. A la base, il existe un noyau de «fidèles» qui étaient présents depuis la première Picturie et qui s'investissent dans l'organisation. Nous faisons appel à des artistes dont nous apprécions le travail et qui sont actifs durant toute l'année, qui produisent, exposent, etc. Les réseaux sociaux, comme les expositions, nous permettent de suivre leur travail et de repérer ceux qui pourraient rentrer dans l'esprit de Picturie. Depuis la première édition, nous intégrons des artistes qui débutent, étudiants en art ou nouveaux diplômés qui, nous pensons, feront leur chemin dans les années à venir. Enfin, nous pensons surtout à des plasticiens qui acceptent les conditions particulières de Picturie. Ils doivent s'investir humainement pour l'accrochage, le montage, la communication, etc. Ils doivent aussi investir leurs propres moyens pour produire une œuvre originale inédite pour l'exposition.