Le président de la République s'est rendu hier en Suisse pour des «contrôles médicaux périodiques», selon un communiqué laconique de la Présidence. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika se trouve en Suisse pour des soins. Dans un communiqué laconique rendu public le même jour et repris par l'agence officielle, Algérie presse service (APS), la Présidence a annoncé que le chef de l'Etat s'est rendu hier à Genève (Suisse) pour «une visite privée durant laquelle il effectuera des contrôles médicaux périodiques». Agé de 79 ans, le président Abdelaziz Bouteflika, reconduit pour un quatrième mandat en avril 2014 en dépit d'un état de santé chancelant dû à un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu une année auparavant, semblait très affaibli et fatigué lors de sa dernière apparition à l'occasion de la visite officielle à Alger du Premier ministre français, Manuel Valls, le 10 avril. D'ailleurs la photo tweetée par ce dernier, quelques heures après son retour à Paris, n'a pas manqué de provoquer une nouvelle crise dans les relations entre les deux pays. Si à Paris, on a visiblement tourné la page de la visite de Manuel Valls en Algérie, à Alger une campagne officielle dénonce une «atteinte à l'institution présidentielle». L'image du président Abdelaziz Bouteflika, au regard perdu et au visage usé portant d'indéniables stigmates d'une grave maladie, a provoqué la colère et la consternation chez l'opinion nationale. Plus que cela, l'état de santé dans lequel est apparu le chef de l'Etat a relancé la cruciale question sur ses capacités à gérer les affaires du pays. La classe politique et certaines personnalités nationales qui ont mal pris qu'un responsable étranger ait osé instrumentaliser l'image déclinante du locataire du palais d'El Mouradia, s'interrogent sur l'identité de ceux qui ont hérité de ses pouvoirs. La moudjahida Zohra Drif a parlé, dans un entretien publié par le quotidien Liberté, d'un pouvoir de l'ombre. L'information communiquée hier par la Présidence, qui n'a d'ailleurs pas donné d'amples précisions sur l'évacuation du chef de l'Etat à Genève, en Suisse, n'a surpris personne. Elle vient relayer une rumeur qui court depuis jeudi dernier sur l'évacuation du Président à l'étranger. Officiellement donc, il n'a été transféré qu'hier. Contacté hier par El Watan, la clinique Genolier de Genève, où il a l'habitude de se rendre pour des contrôles médicaux, a indiqué que le chef de l'Etat algérien «n'y était plus». Il aurait été transféré ailleurs, selon la personne qui nous a répondu. Nous avons tenté de contacter à plusieurs reprises les services de la Présidence, en vain. Le dernier voyage du président Bouteflika pour un contrôle médical à l'étranger, avant celui de Genève, remonte au 3 décembre 2015. Il s'était alors rendu dans une clinique à Grenoble en France. L'information avait d'abord été donnée par le journal Le Dauphiné libéré, avant d'être confirmée par la présidence de la République. Depuis, le chef de l'Etat a officiellement présidé plusieurs réunions ministérielles restreintes, deux ou trois Conseils des ministres, pris d'importantes décisions politiques et signé la loi de finances 2016. Il a reçu plusieurs responsables étrangers, des chefs d'Etat, des diplomates et autres personnalités de passage à Alger. Mais à chaque fois, un secret total couvrait ces rencontres, dont des images étaient diffusées à profusion par la télévision d'Etat dans le but de montrer un Président toujours actif, maître des lieux et vraiment titulaire des pouvoirs présidentiels. Jusqu'à cette fameuse rencontre avec le Premier ministre français qui a publié sur son compte twitter une image qui le montre très fatigué par la maladie. Une photo qui ne laisse pas l'ombre d'un doute que le premier magistrat du pays est gravement atteint. Avant la photo de Manuel Valls, une autre vidéo, qui aurait été postée par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov sur YouTube, montrait un Président complètement diminué, physiquement très atteint en face de son hôte visiblement très gêné.