Au moins 30 personnes ont péri dans la nuit de mercredi à jeudi, à Alep, après un nouveau raid des forces syriennes. Les frappes ont visé un hôpital de Médecins sans frontières implanté dans un des quartiers rebelles de la ville. Des raids menés par l'aviation de Bachar Al Assad contre les quartiers rebelles, dont celui très populaire de Boustane Al Qasr, ont provoqué la mort d'au moins 31 personnes, dont trois enfants, selon l'OSDH. Environ 18 personnes ont été tuées et 40 autres blessées par des tirs et des bombardements rebelles contre les quartiers gouvernementaux, a précisé l'OSDH. La deuxième ville de Syrie, principal carrefour commercial du pays, est divisée depuis juillet 2012 entre les quartiers gouvernementaux à l'ouest et ceux contrôlés par les rebelles à l'est. Les combats et les bombardements ont repris avec une forte intensité, ces derniers jours, alors que les forces prorégime préparent une vaste offensive pour reconquérir les quartiers rebelles d'Alep. Quelque 200 personnes ont été tuées en une semaine, selon l'OSDH. «Durant ces dernières 48 heures, un Syrien est mort toutes les 25 minutes», a dénoncé, mercredi soir, l'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura, en avertissant que la trêve décrétée le 27 février était «en grand danger». Mercredi, les raids menés par le régime avaient notamment détruit l'hôpital Al Quds à Soukkari, un quartier rebelle dans le sud d'Alep. Ils ont causé la mort de 30 personnes, dont le dernier pédiatre exerçant dans la partie rebelle, selon la défense civile. Soldats Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait cet hôpital, a qualifié de «révoltant» ce bombardement. «MSF condamne avec force cet acte révoltant ayant encore visé un centre de santé en Syrie», a dénoncé Muskilda Zancada, le chef de mission de MSF dans le pays. «Cette attaque dévastatrice a détruit un hôpital essentiel à Alep et le principal centre pédiatrique de la région», s'est-il insurgé. «Nous ne pouvons pas identifier (tous les corps). Certains sont carbonisés, d'autres n'ont plus de tête ou ont le visage totalement défiguré», a indiqué l'un des sauveteurs présents sur les lieux après la frappe. Par ailleurs, le gouvernement syrien s'est dit gravement préoccupé par des informations selon lesquelles 150 soldats américains auraient atterri dans le nord-est de la Syrie, dénonçant une «agression flagrante». «Nous avons appris avec une profonde inquiétude la nouvelle de l'arrivée de 150 soldats américains en territoire syrien dans la région de Rmeilan», a déclaré un responsable syrien cité par l'agence de presse officielle Sana. La source de ces informations n'est pas précisée. Lundi, le président américain Barack Obama a confirmé son intention d'envoyer 250 membres des forces spéciales supplémentaires en Syrie pour lutter contre l'organisation Etat islamique en soutenant les alliés locaux des Etats-Unis. La base aérienne de Rmeilan est située dans une zone du nord-est de la Syrie, contrôlée par les milices kurdes YPG, qui sont un allié capital des Etats-Unis dans la lutte contre l'EI. Rebelles Enfin, l'Onu a averti hier que des centaines de milliers de Syriens risquaient de ne plus pouvoir recevoir d'aide d'urgence, si les combats entre gouvernement et rebelles se poursuivent sur le terrain, en violation de la trêve. «Les enjeux sont incroyablement élevés pour les prochaines heures et prochains jours, car il y a tant de vies humaines dans la balance», a dit Jan Egeland, qui dirige le groupe de travail humanitaire pour la Syrie. S'exprimant devant la presse à l'issue d'une nouvelle réunion à Genève avec les représentants des 17 pays membres du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), M. Egeland a reconnu que des progrès avaient été faits depuis l'instauration du cessez-le-feu le 27 février. «Mais tout cela peut être perdu, si les combats et les bombardements de civils et de secouristes continuent», a-t-il mis en garde. Et d'indiquer que des convois d'aide ont pu être acheminés dans plus de 52% des zones assiégées, par le régime ou par les rebelles, ce qui a permis d'accéder à 255 000 personnes. Il a toutefois déploré que 35 localités, où vivent quelque 905 000 personnes, ne puissent toujours pas être visitées par les agences d'aide. Il a notamment cité Duma, est-Harasta, Daraya, Arbin, Zamalka et Zabdin. M. Egeland a également dénoncé les attaques et les bombardements visant spécifiquement les médecins et le personnel médical. «Le dernier pédiatre de la ville d'Alep vient d'être tué», a-t-il déploré, parlant d'une «détérioration catastrophique» de la situation à Alep au cours des dernières 24 ou 48 heures. «La ligne de vie à laquelle sont rattachés des centaines de milliers de Syriens risque d'être brisée», a-t-il prévenu.