L'ONG internationale Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l'instrumentalisation de la justice pour faire avorter la cession des actifs du quotidien El Khabar au profit d'un groupe industriel. Dans un communiqué rendu public aujourd'hui, le RSF «exhorte les autorités algériennes à respecter les choix des journalistes et propriétaires du quotidien arabophone indépendant El Khabar, visant à assurer la pérennité du journal». «Cette tentative d'instrumentalisation de la justice, visant à invalider la décision légitime d'El Khabar, est honteuse», a déclaré Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières. «Nous exhortons l'Etat algérien à abandonner ce référé, qui a pour objet de s'opposer à la revente des parts du journal. Si les autorités s'obstinent dans leur volonté de bloquer cette transaction, c'est un quotidien indépendant de référence qui risque de disparaître, ce qui serait gravissime pour le droit des citoyens à une information libre», a prévenu RFS qui souligne que «ce nouvel épisode vient s'ajouter à la série d'obstacles auxquels doivent faire face les médias non alignés, notamment depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat, en 2014». «Plusieurs groupes de presse, dont El Watan et El Khabar, ont fait écho à ce sentiment d'acharnement du gouvernement contre la liberté de la presse», a encore relevé cette ONG qui a rappelé la sortie médiatique du ministre de la Communication, Hamid Grine, le 3 mai 2016, sur les ondes de la Chaîne 3. Pour RSF, le ministre de la Communication avait tenu «des propos extrêmement inquiétants contre certains médias qualifiés d'arrogants, de dominateurs et de porteurs d'un discours défaitiste semant la discorde, justifiant ainsi les pressions de plus en plus fortes contre la liberté d'informer». Il est à rappeler que l'Algérie figure à la 129e position sur 180 au classement mondial 2016 de la liberté de la presse de RSF.