Dans le classement 2016, l'Algérie recule de 10 places et pointe au 129e rang. RSF juge que les promesses formulées par le Président, peu après sa réélection pour un quatrième mandat en 2014, n'ont pas été tenues. Reporters sans frontières (RSF) a rendu public son classement mondial de la liberté de la presse. Premier constat fait par l'ONG qui se bat pour la liberté d'informer : une dégradation de la liberté de la presse est constatée dans toutes les régions du monde en 2015, particulièrement sur le continent américain. «Tous les indicateurs du classement témoignent d'une dégradation. De nombreuses autorités publiques essaient de reprendre le contrôle de leurs pays, craignant de trop grandes ouvertures du débat public», a commenté Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Dans le classement 2016, l'Algérie recule de 10 places et pointe au 129e rang. RSF juge que les promesses formulées par le Président, peu après sa réélection pour un quatrième mandat en 2014, n'ont pas été tenues. Reporters sans frontières rappelle que le président Bouteflika, lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse, s'était engagé à ne ménager «aucun effort pour consolider et étendre la liberté de la presse». Par ailleurs, RSF dresse un tableau noir des contraintes auxquelles la presse indépendante doit faire face et constate que le retrait soudain de «plusieurs annonceurs publicitaires sous la pression et la chute conséquente des recettes publicitaires de quotidiens critiques envers le pouvoir algérien, tel El Watan, participent à l'étouffement des médias libres». L'ONG rappelle également que le contrôle des circuits d'impression et de diffusion par l'Etat «peut amener la censure de certains quotidiens, comme El Fajr interdit d'imprimer pendant un mois en 2014», mais également «la fermeture des chaînes El Djazaïra TV et El Watan TV en avril et octobre 2015 et la condamnation en appel de Djehiche Tahar en novembre 2015 pour un dessin dénonçant l'exploitation du gaz de schiste au Sahara, dans lequel il caricature le Président». Au Maghreb, c'est la Tunisie qui connaît la progression la plus significative. Dans le classement mondial de la liberté de la presse, la Tunisie fait un bond de 30 places (96e) par rapport à 2015 (126e), même si, comme le constate RSF, «les journalistes tunisiens continuent de subir de multiples pressions». Par ailleurs, pour l'organisation internationale, «s'il n'y a plus d'arrestations arbitraires ou de journalistes emprisonnés, l'accusation de diffamation est encore régulièrement utilisée contre ceux qui dérangent. Toutefois, ces accusations sont rarement suivies de procès». Autre pays du Maghreb à être malmené dans le nouveau classement mondial de la liberté de la presse : le Maroc, qui est classé 131e, en recul d'une place par rapport à 2015. Dans le cas du royaume chérifien, RSF relève «une lente mais régulière dégradation des libertés de la presse» et accuse les autorités du royaume de resserrer «de plus en plus l'étau sur les médias pour les dissuader de traiter les sujets hautement sensibles (monarchie, islam, Sahara occidental)». «Censure, surveillance, intimidations, lourdes amendes et emprisonnements menacent les journalistes et les journalistes-citoyens», dénonce RSF pour qui «les maigres progrès notés dans les trois projets de loi sur la presse de 2014 risquent, quant à eux, de devenir obsolètes face aux amendements introduits dans le code pénal, visant clairement à limiter le droit d'information des journalistes.»