Les petites et moyennes bourses déjà laminées par les dépenses se préparent pour une autre épreuve : les achats de l'Aïd. Tradition oblige, les enfants doivent être parés de leurs plus beaux atours ce jour-là quels que soient les prix affichés par les commerçants qui, avouons-le, frisent souvent l'imaginaire. Ainsi, des ensembles pour fillettes ou garçons oscillent entre 4000 DA et 8000 DA alors que des chaussures de qualité moyenne sont cédés à 3000 DA /la paire. Un commerçant du centre-ville questionné à propos des prix lors de notre virée nous répondra : « Les produits (marqua) sont nettement plus chers mais il existe des articles proposés pour les couches moyennes à des prix abordables. » Les quelques citoyens avec lesquels nous avons abordé le sujet n'ont pas été de cet avis. « Pendant leur course effrénée derrière le lucre, certains de nos commerçants font peu cas des principes fondamentaux de notre religion pourtant en plein mois de piété et de mansuétude », nous lance tout de go un père de famille. Un autre renchérit sans contredire le premier : « Les prix sont annoncés à la tête du client et à mesure que la fête de l'Aïd approche, les spéculateurs redoublent de voracité. Des articles vendus il y a une semaine à 2000 DA sont aujourd'hui proposés à 3000 DA sinon plus. » Les parents prévoyants ont fait leurs emplettes avant le mois de Ramadhan pour éviter justement ce genre de surprises. Ceux qui se rabattent sur les fripes sont-ils conscients que sauf s'ils sont soigneusement désinfectés, ces vêtements peuvent être vecteurs de plusieurs maladies de la peau ? Affecté d'abord par l'achat des fournitures scolaires, plumé ensuite par le boucher, l'épicier et le marchand des fruits et légumes, le citoyen donne l'impression à quelques jours de l'Aïd de subir le sort d'un agneau égaré.