Ce mois a également vu arriver la fameuse rentrée des classes Après la mue des magasins constatée au début du Ramadan, pour se transformer l'un en marchand de zalabia, l'autre en vendeur de pains divers ou d'ustensiles de cuisine «spécial chorba», l'on assiste à une seconde mue, plus élégante cette fois-ci et plus feutrée pour mieux «bondir». De nombreux magasins rafistolent leurs devantures, font de nouveaux achats de vêtements, surtout pour enfants, et embellissent leurs vitrines pour mieux «happer» le pauvre hère qui va passer par là pour être «saigné», peut-être pas comme le mouton de l'Aïd El Adha, mais juste pour le jour de l'Aïd El Fitr ou Aïd Esseghir comme se plaisent à le nommer beaucoup d'Algériens. Ce sera pour la troisième fois en effet, ce en l'espace d'un peu plus d'un mois, que le porte-monnaie du citoyen va prendre un sérieux coup. En effet, ce mois aura vu la fin des vacances d'été qui ont quand même plus que grignoté le budget familial de certains, avec les virées au bord de la mer, la dégustation de glaces dans les grandes avenues, les noces, les circoncisions, et autres fêtes pour «fêter» la visite d'un parent émigré ou venu d'une autre région du pays rendre visite aux gens «chanceux et fortunés» de la capitale. Ce mois a également vu arriver la fameuse rentrée des classes. Et les cartables, et les tabliers, et les chaussures, et les cahiers, et les livres et autres articles scolaires...et autres articles qu'il serait fastidieux de citer, étaient tous là pour faire encore une fois une ponction plus que douloureuse dans ce pauvre porte-monnaie du chef de famille. Ce mois a encore vu, faut-il le rappeler, la venue de ce très «cher» et cher Ramadan. Bien qu'il ait été clément, il ne faut pas le nier, pour ce qui est des prix et de la disponibilité des victuailles, il n'en demeure pas moins qu'il fut témoin d'une course effrénée, comme de coutume, vers un ravitaillement outre mesure pour garnir une table que l'on dévore déjà dans l'imagination. Les achats de gâteaux divers, de sucreries... et de denrées pour confectionner les inévitables gâteaux de l'Aïd, font partie du lot «gagnant» en puisant encore et encore dans ce pauvre porte-monnaie. Aujourd'hui, c'est maintenant le tour de l'Aïd qui voudra sa «part» de ce porte-monnaie, et quelle part! Les commerçants, à l'affût des chalands, se préparent déjà en cette fin du Ramadan, parant leurs vitrines de leurs plus beaux atours. Lumières, décors, tout y est pour mieux tendre le «piège». Les habits d'enfants sont bien sûr sous les feux de la rampe et occupent le haut du pavé. Ils trônent avec arrogance, clinquants neufs, rivalisant de couleurs et empreints d'une suspecte mode venue d'ailleurs tant pour les fillettes que pour les garçonnets. Les enfants aussi se préparent car, il ne faut pas croire que l'on peut les tromper lors des achats des vêtements pour l'Aïd. Ils veulent être «in», mieux nippés que leurs cousins ou voisins, que leurs copains de quartier ou d'école. Ils savent ce qu'ils «veulent» tandis que leurs parents savent de leur côté ce qu'ils «peuvent». Enfin, chacun sait de quel côté sa tartine est beurrée. Mais comment se soustraire à ce dilemme gordien, qui nous fait tous rappeler notre tendre enfance? Comment satisfaire un enfant et ne pas heurter une moue quémandeuse et ravissante qui aspire à être comme, ou mieux, que les autres? Comment allier le désir parental de rendre ses enfants heureux et joyeux le jour de leur fête, car, n'oublions pas, c'est de la leur qu'il s'agit, et comment concilier aussi cet acte avec un porte-monnaie souffrant et plus que vide...? L'érosion continue du pouvoir d'achat du citoyen et la non-augmentation du Snmg, (FMI oblige), ne sont pas étrangères à cette situation dans laquelle l'Algérien moyen se débat toutes griffes dehors pour s'en sortir un tant soit peu, rester fier devant sa chorba et affronter dignement les regards langoureux de ses enfants. Il faut dire que beaucoup de parents se sont endettés pour mieux faire face aux dépenses alimentaires fastidieuses de ce mois de jeûne, et surtout en cette fin de «l'épreuve» qu'est le jour de fête pour tous les enfants du monde musulman que les adultes ne font qu'adopter, religieusement parlant. Enfin, fidèle à sa piété et sa générosité légendaire et pour peu qu'il ait un revenu moyen, l'Algérien saura puiser une énième fois, encore, dans ce fameux porte-monnaie pour faire don de la pieuse fitra, fixée pour cette année 1426 de l'hégire à 70 dinars par membre d'une même ousra.