Les passants de la rue Hassiba Ben Bouali (Alger) auraient sans doute remarqué, hier, la présence d'une foule inhabituelle devant le siège de la SGP textile, cuir et bois, mitoyen à la daïra de Sidi M'hamed. Ce sont les travailleurs de la Cotonnière de Draâ Ben Khedda (DBK) qui, las de leur situation qualifiée de misérable, se sont déplacés jusqu'au siège de la SGP textile, cuir et bois pour lancer à leurs responsables un énième cri de détresse. Leur problème remonte à près de dix ans et s'articule autour de trois points : les salaires, le volet social et l'approvisionnement de la CTO (ex-Cotitex) en matières premières. Leurs doléances ne sont toujours pas prises en charge par leur direction mère. Résultat : la situation socioprofessionnelle des 1031 travailleurs de la CTO ne fait qu'empirer de jour en jour. Après avoir déjà eu recours à une grève et bloqué même une fois l'autoroute, le choix des travailleurs de la CTO était, cette fois, d'investir les rues d'Alger. C'est ainsi que près de 300 travailleurs de cette entreprise se sont déplacés hier à Alger pour observer un sit-in au niveau du siège de la SGP, textile, cuir et bois. « Nous demandons aux autorités d'intervenir en urgence afin d'assainir notre entreprise », lance un employé à notre arrivée. Les travailleurs de la CTO dénoncent les retards accusés dans le versement de leurs salaires. « Nous sommes payés au compte-gouttes », a fulminé le SG de la section syndicale de la CTO, Moussi Lounès, qui avance qu'ils ont un arriéré de salaire de deux mois, août et septembre. « Au lieu de verser l'intégralité de nos salaires, l'entreprise nous donne des miettes », lance un autre employé, dépité. Ce dernier atteste qu'ils n'ont eu droit pour ce mois de Ramadhan qu'à 3000 DA. La situation de la CTO s'est aggravée depuis la signature d'un accord entre le gouvernement, la SGP textile, cuir et bois et Texmaco pour le départ volontaire et la mise en retraite de près de 500 salariés, selon un employé. Ces derniers continuent de percevoir leur salaire de la CTO, s'indigne un employé qui se demande où sont passés les 30 millions de dinars débloqués par les pouvoirs publics pour ces mises en retraite. « L'enveloppe qui a été consacrée aux départs volontaires et à la retraite a été mise à la charge de l'entreprise », selon cet employé. Un autre employé lance de l'intérieur du hangar de la SGP que « même la convention de branche de 2003 n'a pas été appliquée, nos responsables l'ont attribuée comme avantage aux retraités ». Ce qui a généré, aux yeux des travailleurs de la CTO, des difficultés pour l'entreprise, notamment le payement de ses salariés. Pour certains travailleurs, c'est la fermeture de l'entreprise qui est visée. Créée en 2001, selon un membre du personnel, la CTO demeure toujours sans agrément. De ce fait, la CTO ne peut faire un quelconque prêt dans le but de se relever. En attendant, les travailleurs de cette entreprise dont certains ont près de 30 années d'ancienneté dans la production perçoivent toujours un salaire de 7000 DA/mois.