La délégation du ministère de l'Environnement, qui a remis en cause la gestion de ce CET, a constaté de visu l'absence des conditions indispensables pour son fonctionnement sain, a affirmé que le ministère peut l'équiper du matériel nécessaire et procéder à sa mise à niveau. Une commission ministérielle s'est rendue la semaine dernière au centre d'enfouissement (CET) de Oued Ghir, à 18 km de Béjaïa, pour inspecter cet équipement qui fait l'objet d'une fermeture par les riverains pour cause de désagréments. Contacté par téléphone, un représentant des habitants de Oued Ghir a déclaré que la commission ministérielle — dont l'inspectrice générale et le directeur général du ministère de l'Environnement — a brossé un tableau sombre du fonctionnement de ce CET. «L'inspectrice du ministère a qualifié la situation de ce CET de catastrophique. Elle a reconnu la légitimité de notre revendication, à savoir la fermeture dudit CET», a indiqué notre interlocuteur. Et d'insister : «Pour nous, il n'est pas question de rouvrir ce site. La délégation du ministère de l'Environnement, qui a remis en cause la gestion de ce CET et a constaté de visu l'absence des conditions indispensables pour son fonctionnement sain, a affirmé que le ministère peut l'équiper du matériel nécessaire et procéder à sa mise à niveau. Toutefois, nous lui avons affiché un niet catégorique. Nous réclamons sa délocalisation vers un autre endroit.» Une simple décharge Ouvert tambour battant en août dernier par l'ancien wali, Hamou Ahmed Touhami, alors qu'il n'était que partiellement apte à recevoir des déchets, ledit équipement a très vite fait un bide. Ne disposant pas de tous les casiers nécessaires au traitement des déchets, il fait office de simple décharge nichée au milieu des habitations. Mauvaises odeurs, fumées, liquides toxiques (lixiviats) se déversant dans les oueds, animaux errants sont le lot des habitants depuis que le nouvel équipement fait partie du paysage local. En somme, le constat dressé par la commission n'a fait que refléter les préoccupations qui ont conduit les habitants de la commune de Oued Ghir, notamment ceux du village Hellil, à réclamer la fermeture pure et simple de cette décharge incommodante. Mais une fois devant le premier magistrat de la wilaya, la commission a conforté le wali dans les mesures qu'il compte entreprendre pour mettre la décharge en conformité. C'est, en effet, ce qu'indique la cellule de communication de la wilaya : «La commission a approuvé les mesures prises par le wali qui consistent à réaliser une station de traitement des déchets prise en charge par l'Agence nationale des déchets, l'installation de pompes et de turbines pour le traitement des lixiviats jeunes et autres, en plus d'un dispositif de traitement des mauvaises odeurs qui arrivera de l'étranger.» Interrogée pour connaître les délais de réalisation de ces équipements, l'attachée de presse de la wilaya a affirmé que «les services en charge de les installer en ont été empêchés par les citoyens la semaine dernière». Affirmation que dément notre contact auprès des citoyens de Oued Ghir : «Personne ne n'est déplacé sur le site la semaine dernière, à l'exception de la commission ministérielle. De plus, ces équipements qu'on dit prêts à installer seront importés, ce qui nécessite à mon sens beaucoup de temps.» La décision de la commission ministérielle de conforter le wali, Ouled Saleh Zitouni, et de ne pas satisfaire l'exigence des citoyens concernant la délocalisation ne va-t-elle pas faire durer la crise ? Car les citoyens ne reviendront pas sur leur revendication. Ceci est d'autant plus probable qu'un déficit de confiance s'est installé, après que les pouvoirs publics aient manqué antérieurement à leur engagement de remédier à la crise dès ses premières manifestations. C'est ce qui a d'ailleurs poussé les citoyens à exiger une commission ministérielle. Mesures D'après l'attachée de presse de la wilaya, la commission a été «dépêchée pour sensibiliser les citoyens et les convaincre du bien-fondé des mesures de mise à niveau du CET» et elle a même proposé au wali, ajoute-t-elle, «d'emmener des délégués des citoyens opposants en visite guidée au CET de Corso (Boumerdès), afin qu'ils reprennent confiance en constatant de visu le bon fonctionnement de cet équipement réalisé dans les normes». Il reste maintenant à convaincre le camp opposé. Trois délégués sont convoqués pour rencontrer le wali, demain, a affirmé notre contact. Une solution doit être trouvée en urgence car, entre-temps, la décharge de Boulimat (sur la côte ouest de Béjaïa) que les autorités ont rouverte pour évacuer les ordures quotidiennes des 200 000 habitants de la municipalité, est menacée de fermeture. Des riverains de cette décharge qui a longtemps empoisonné l'environnement dans cette région censée recevoir des touristes, menacent de procéder à sa fermeture aujourd'hui, nous a confié une source locale. S'ils passent à l'action, ce seront des tonnes d'ordures qui s'amoncelleront dans les rues de Béjaïa quotidiennement. Un scénario catastrophe que seuls les pouvoirs publics endosseront la responsabilité.