Les tenants du pouvoir ne reculent devant rien dans la guerre qu'ils mènent à Issad Rebrab, même si leurs procédés renvoient une lamentable image du pays. La guerre menée contre Issad Rebrab ne s'embarrasse pas de scandales au retentissement international. Hier, l'homme d'affaires n'a pas pu prendre part au Forum algéro-britanique d'affaires, comme décidé arbitrairement par le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb. Même le point de presse qu'il devait tenir à l'issue de la signature d'un contrat avec une firme britannique n'a pas été toléré par les responsables de l'hôtel El Aurassi, sous les yeux médusés des partenaires étrangers. M. Rebrab a une nouvelle fois expliqué, hier, son exclusion de la seconde édition du Forum, alors que le groupe Cevital avait déjà sponsorisé la première édition. «Il y a trois mois, ma directrice de la communication avait reçu une demande de sponsoring de la société DMA, chargée de l'organisation de ce forum. Evidemment, nous avons répondu par l'affirmative. Et puis, 15 jours après, le directeur de cette agence de communication nous dit :''Ecoutez, le ministre de l'Industrie refuse que vous nous sponsorisiez et nous demande de vous rembourser le sponsoring et que votre logo ne figure pas sur les affiches de ce Forum''», a-t-il déclaré lors d'un point de presse animé en marge de la signature d'un contrat avec la firme britannique Clarke Energy à l'hôtel El Aurassi. Et d'ajouter : «Cette fois-ci, j'ai rencontré, il y a quelques jours, l'ambassadeur de Grande-Bretagne, ici à Alger. Il m'a dit : ''Ecoutez M. Rebrab, on a un problème ! Le ministre de l'Industrie craint un problème concernant votre participation.'' J'ai dit : 'Mais Excellence, nous avons payé à votre agence de communication le sponsoring et lorsque vous nous avez sollicité, nous avons répondu favorablement. Maintenant, c'est à vous de régler ce problème avec notre ministre de l'Industrie'. Il m'a répondu : On va essayer de nouveau pour vous permettre de vous exprimer à la plénière, comme vous l'avez si bien fait à Londres en décembre 2014.» A la veille du Forum, l'ambassadeur du Royaume-Uni a invité le patron de Cevital à une réception en présence du ministre britannique délégué au Budget, du directeur général de DMA et du représentant du Premier ministre britannique. «Il m'a appris qu'il a été contacté par le secrétaire général du ministère de l'Industrie, qui lui a dit qu'il était hors de question que Cevital participe au Forum ; qu'il était aussi hors de question que le logo du groupe figure sur les affiches. Alors que nous avons prévu la signature d'un contrat avec une grande société britannique chez qui nous avons acquis des centrales électriques», a fait savoir M. Rebrab. Outre la signature de ce contrat, Issad Rebrab devait intervenir lors du Forum pour «demander au gouvernement de nous soutenir dans nos exportations vers la Grande-Bretagne et l'UE». Peine perdue ! Son nom ne figurait même pas sur la liste des intervenants. «Aujourd'hui, nous sommes en train d'orienter toute notre activité vers l'exportation. Et nous sommes extrêmement surpris qu'un ministre de l'Industrie bloque l'industrie», a-t-il fustigé en s'interrogeant sur les raisons qui poussent Abdesselam Bouchouareb à «bloquer les industriels algériens». Interrogé plus tôt dans la journée sur la non-participation de M. Rebrab au Forum, Abdesselam Bouchouareb a refusé tout commentaire. Comme s'il ne devait aucune explication aux Algériens. Conférence de presse interrompue Alors que les journalistes s'apprêtaient à interroger Issad Rebrab sur d'autres questions, des responsables de l'hôtel El Aurassi ont interrompu le point de presse de manière intempestive. «C'est un déjeuner, M. Rebrab. Vous êtes dans un restaurant et pas dans une salle de conférence», a lancé un des responsables à Issad Rebrab. Le patron de Cevital a répondu calmement : «Nous avons commandé une table. Ces gens-là sont venus poser des questions. Je leur réponds, c'est tout. Je ne vois pas où est le problème.» Les dirigeants de la firme britannique étaient choqués par le traitement réservé au patron de Cevital, qui a promis de poursuivre le point de presse après son déjeuner avec ses partenaires britanniques, mais finalement, celui-ci n'a pas eu lieu, Issad Rebrab ayant dû y renoncer à la dernière minute. Escorté par deux agents de sécurité de l'hôtel, le patron de Cevital, accompagné de sa chargée de communication, a dû quitter l'établissement comme s'il s'agissait d'un… détenu. Du jamais vu !