La réforme initiée depuis 2014 pour l'obtention d'un diplôme en biologie médicale risque de connaître des dysfonctionnements dans la pratique quotidienne de toutes ses spécialités. L'absence de moyens adéquats pour assurer un cursus pédagogique semble affecter sérieusement la qualité de l'enseignement. Surcharge de travail, accumulation des cours et absence de pratique sur le terrain, la spécialisation en biologie médicale risque d'être compromise. Les résidents en formation boycottent les cours depuis près d'un mois et exigent l'amélioration de leurs conditions de travail. Ils comptent également boycotter les examens prévus en juin et juillet. Ils affirment ne pas être prêts pour des évaluations en raison du manque de pratique. La biologie médicale est une discipline scientifique qui constitue la pierre angulaire de la médecine de laboratoire pour procéder aux différentes analyses réalisées à la suite d'examens médicaux. Elle contribue de manière incontournable au diagnostic. Parmi ces analyses, on retrouve l'immunologie, l'hémobiologie, la biochimie, la microbiologie, la parasitologie. La nouvelle réforme initiée en 2014 pour l'obtention du diplôme en biologie médicale risque de connaître des dysfonctionnements dans la pratique quotidienne de toutes ses spécialités. L'absence de moyens adéquats pour assurer un cursus de formation pédagogique semble affecter sérieusement la qualité de l'enseignement. Des étudiants actuellement en tronc commun (deux années) de la première promotion de cette réforme craignent le pire. Une surcharge de travail dépassant les normes et toutes les autres spécialités médicales, l'accumulation de cours théoriques et l'absence de pratique sur le terrain compliquent énormément la tâche de cette centaine d'étudiants en formation à travers le territoire nationale. Après avoir obtenu leur diplôme en médecine ou en pharmacie, ces derniers ont fait le choix de se spécialiser en biologie médicale. «Un choix qui risque d'être mal assumé devant toutes les difficultés que nous rencontrons : la surcharge de cours avec un volume horaire de 200 heures et la pratique n'est pas homogène. D'ailleurs, c'est différent d'un endroit à un autre vu le manque de moyens. Nous sommes censés être sur le terrain de stage, mais sans pratique. Les temps répartis sont insuffisants. Sur les trois spécialités enseignées en deuxième année de tronc commun, nous avons deux jours d'enseignement pour la biochimie et l'hémobiologie alors que pour l'immunologie, seulement un jour de formation est accordé. Comment aspirer aller vers cette spécialité si le minimum n'est pas acquis ? Les travaux pratiques n'ont commencé que dernièrement, alors que les dates des examens sont déjà fixées», signale un des médecins résidents en deuxième année de tronc commun qui se sont présentés à notre rédaction. Le boycott des examens est également envisagé car ces médecins-étudiants s'estiment lésés dans leur formation : «Nous ne refusons pas d'être évalués. Notre souci est l'acquisition d'une formation de qualité et là, nous sommes déjà sanctionnés par le fait de ne pas avoir pu pratiquer assez. Les examens sanctionnant ne sont pas validés. Rien ne prouve que notre évaluation a été concluante et attestée par un certificat d'études spécialisées, comme cela se fait ailleurs.» L'un de ses camarades relève que les responsables ont procédé à l'allégement du programme de biochimie, mais sans résultat. Pour le président du comité pédagogique national et régional, le professeur Reda Djidjik, la réforme initiée dans les cinq spécialités de biologie avait pour but de permettre à chaque spécialiste d'avoir un minimum de connaissances de base des autres spécialités : «Il est vrai que nous avons démarré sans avoir mis les moyens nécessaires en place, mais il fallait se lancer dans cette perspective. Les programmes étaient effectivement surchargés, mais nous avons procédé à leur allégement. Pour ce qui est des examens, nous avons allongé la période du 1er juin au 30 juillet afin de permettre aux étudiants de mieux se préparer et nous les avons invités à participer à la confection des examens. Beaucoup de concessions ont été faites.» Des concessions qui viennent, sans doute, masquer l'échec avéré d'une réforme qui n'est qu'à son début. Des sources concordantes et proches du dossier parlent déjà de retour à l'ancien système où la spécialité est acquise au bout de trois années de formation. Laquelle est sanctionnée par un diplôme de monospécialité équivalent à celui que l'on obtient au bout de cinq années de formation.