Wyclef Jean a donné un concert, ou plutôt il a tenu un meeting. Il a harangué la foule, musicalement, à travers un discours politiquement incorrect. Puisque dès son entrée tonitruante-arborant un burnous et un turban- sur scène, il demandera au public s'il était prêt pour le hit Ready or Not. Une question sur un choix, une élection. «Je n'aime pas Donald Trump. Je suis un réfugié. Hillary Clinton, Bernie Sanders et Donald Trump sont en compétition. Votez pour moi. Wyclef Jean Président !» Cette consigne de vote provoqua un raz-de-marée et un tonnerre d'applaudissements. Adhésion totale du public au vote «refuge». En 2010, Wyclef Jean avait officiellement annoncé sa candidature à l'élection présidentielle en Haïti. Mais il fut déclaré inéligible, car n'y ayant pas résidé cinq années consécutives. Un pied de nez insolent et revendicatif. Tout un programme présidentiel. «Beaucoup de gens aiment et s'attachent aux Fugees. Parce que leur musique est réelle. Tout est possible et rien n'est impossible. Quand vous êtes une rock star et que vous vous investissez en politique et dans des causes humanitaires, les gens commencent à vous lancer des pierres. Mais vous devez comprendre cela. George Clooney, Angelina Jolie, différentes personnes et moi, utilisons notre célébrité pour aider les gens. C'est important. Pour moi, ma grande inspiration provient de John Lennon (Beatles) et son message de paix. Je pense qu'il est de notre responsabilité de faire la même chose pour la nouvelle génération. Une chance pour la paix dans le monde… « Je ne crois pas en les aides des ONG » Quand j'ai annoncé ma candidature à l'élection présidentielle dans mon pays (Haïti), les gens hallucinaient : ‘‘Hey mec, tu ne veux plus être une rock star ? Tu voudrais être abattu, tué ? Dans la rue, mec ? Tu peux être assassiné dans les rue de Brooklyn (New York, USA). Alors pendant que tu y es, va te faire plutôt tuer en Haïti…''. Alors ma responsabilité n'est pas uniquement de chanter et danser. Je dois trouver comment influencer la politique, la législation, le Parlement… C'est pour cela que j'ai voulu entrer en lice dans cette élection. Je projetais de bâtir un hôpital, une école. Mais une vraie école. Je ne crois pas en les aides des ONG (Organisations non gouvernementales). C'est une action temporaire de ‘‘band aid''. Mais je crois en l'entrepreneuriat social. C'est ce dont ont besoin les jeunes. Nous devons investir en eux… Africa est un endroit merveilleux. Un continent très riche avec des gens fantastiques… Je viens d'un tout petit village de Haïti. Je suis issu d'un milieu très pauvre. Toute mon existence je la vis pour enseigner aux enfants venant de communautés défavorisées et riches. Et ce, autant que possible. La formation des Fugees a été créée dans ma cave. J'ai rendu mon père fou qui m'a dit : ‘‘Tu dois aller au lycée''. Je l'ai défié: ‘‘Non, je veux faire de la musique dans la cave''. En 1994, nous avions appelé notre groupe Refugees Camp. Et actuellement, vous avez un gros problème avec les réfugiés.» Ainsi, Wyclef Jean s'offrira un bain de foule en interprétant ses grands hits We Trying to Stay Alive, Fugee-La, Divine Sorrow, le succès fou Killing Me Softly, Sweetest Girl (Dollar Bill), Hips Don't lie, Rich Girl, Sweetest Girl, 911 (sans Mary J Blige), Jaspora ainsi que des reprises de Bob Marley tels que Redemption Song et No Woman No Cry et de Bob Dylan avec Knocking On The Heaven's Door déjà revisitée par Eric Clapton et Gun's And Roses. Les grands moments de la soirée furent quand il fera monter sur scène des enfants et la troupe marocaine Batucada pour «bœuf». Il jouera du luth en exécutant un maqam et du gnawi. Et surtout quand il rendra hommage au légendaire guitariste Jimi Hendrix en jouant de la guitare électrique avec les dents et derrière le dos. C'est sûr, Wyclef a fait un beau «Score» (le premier album des Fugees) d'audience et de cote de popularité. Wyclef Jean est «présidentiable» !