La star du hip-hop, Wyclef Jean, la perle des Antilles, ne sera pas candidat aux prochaines élections présidentielles d'Haiti. Le rejet de son dossier a été prononcé en fin de semaine par la commission chargée d'étudier le cas de chaque prétendant. La nouvelle a été mal accueillie par les habitants de Port-au-Prince où l'ONU a appelé à « la sérénité dans l'organisation d'élections libres, transparentes et équitables ». Mais, la capitale haitienne baignait dans le calme samedi, lendemain de la publication de la liste des candidats, liste quelque peu contestée. La présence des policiers haïtiens et des Casques bleus devant les bureaux du Conseil électoral provisoire (CEP) était toutefois encore bien visible, signe des craintes de débordement. À Montréal où la diaspora haitienne est très forte, la division de la communauté est assez profonde. Dévoilée finalement dans la nuit de vendredi, la liste définitive des candidats à la course à l'élection présidentielle du 28 novembre comporte 19 noms, sur les 34 dossiers déposés. Dans un communiqué publié samedi matin, la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah), a appelé «les candidats et partis politiques participants aux élections présidentielles et législatives à respecter (...) la Loi électorale». Les observateurs notaient que les six candidats de la diaspora haïtienne avaient été écartés par le CEP, dont Wyclef Jean, 40 ans, le plus connu de tous. L'ex membre des Fugees «représentait une menace pour le candidat du pouvoir mais plus largement aussi, une menace pour toute la classe politique parce que sa candidature avait suscité beaucoup de réactions de la part de la population», a réagi un ancien parlementaire. Parmi les 19 candidats retenus figurent le candidat du parti au pouvoir Unité, Jude Célestin, l'ancien premier ministre Jacques-Edouard Alexis, qui avait dû renoncer à son poste suite aux émeutes de la faim de 2008, et le chanteur populaire Michel Martelly. Reconstruire Haiti La Minustah a en outre réitéré son «soutien en termes d'assistance technique, de sécurité et de logistique» pour l'organisation des élections présidentielles et législatives de novembre. Ces scrutins, les premiers depuis le séisme du 12 janvier dernier qui a fait au moins 250 000 morts et jeté à la rue presque deux millions d'Haïtiens, «devront être libres, transparents et équitables», insiste l'ONU dont la mission dispose de quelque 13 000 soldats et policiers, assistés de 2000 civils. Elle a appelé en outre candidats et partis à «promouvoir auprès de leurs membres (...) la plus grande sérénité et le respect des électeurs» durant la période électorale qui a d'ailleurs déjà commencé. Quelques centaines de manifestants avaient défilé bruyamment jeudi pour soutenir Wyclef Jean, très populaire parmi les jeunes qui constituent la majorité de la population du pays le plus pauvre de l'hémisphère nord. Dans la foulée de la publication de la liste, le musicien avait pris acte, dans un communiqué, de son éviction: «Bien que je désapprouve cette décision, j'accepte avec respect la décision finale du Conseil (électoral provisoire) et j'enjoins mes partisans à faire de même». Le chanteur, qui depuis l'annonce de son intention de briguer la présidence avait notamment reçu des menaces de mort, devait s'exprimer à Port-au-Prince samedi en début d'après-midi. Et dans la banlieue de Piéton-ville, quelques dizaines de bénévoles portant le T-shirt bleu de l'organisation caritative du chanteur «Yéle Haïti», travaillaient samedi à déblayer les rues. À Port-au-Prince, entre autre, c'est toujours la désolation. La vie n'a que trop tardé pour un retour à la normale depuis le tremblement de terre de janvier. Jusqu'à 800 000 personnes vivent encore dans des camps de fortune dans la capitale où la population manque presque de tout. C'est dire que le prochain heureux élu n'aura pas la tâche facile. Il aura fort à faire pour sortir le Haiti de la misère, de la corruption et de la violence. Il est sûr et certain que tous les candidats baseront leurs programmes respectifs sur la situation qui prévaut actuellement à travers le pays et les moyens de s'en sortir, à commencer par la reconstruction.