Tout est trouble dans ces élections! «Regardez Paris, avec les lois sur le port d'armes les plus restrictives du monde, personne n'avait d'armes sauf les méchants. On peut dire ce qu'on veut, s'ils avaient eu des armes, si nos gens étaient armés, s'ils avaient le droit de porter des armes, la situation aurait été très, très différente.» Donald Trump après les attentats du 13 novembre 2015 Le président américain Thomas Jefferson a dit un jour qu'une «démocratie n'est rien de plus que la loi de la foule, suivant laquelle 51% des gens peuvent confisquer les droits des 49 autres». En l'occurrence, la comédie humaine qui se déroule sous nos yeux et qui tient en haleine une planète pendant presqu'un an à coups, de caucus, de scoops, de petites phrases; d'attaques ad hominem abjectes n'enrichit pas la condition humaine et détricote inexorablement le capital symbolique dont on croyait investie la patrie d'Armstrong. Cette patrie qu'on a cru longtemps investie d'une mission de guider le monde au nom d'une supposée «destinée manifeste». Ce qui se passe actuellement en termes de choix de l'homme providentiel capable de freiner le déclin des Etats-Unis est tout, sauf démocratique. En un mot, des grands électeurs vont choisir par tous les moyens possibles surtout les moins honnêtes, en tout cas indexés sur la surface financière de chacun, leurs champions qui seront ensuite imposés au peuple en lui demandant de choisir entre la peste et le choléra comme disait, dans un autre contexte, un ancien secrétaire général du Parti communiste français Le journaliste, écrivain et critique français Octave Mirbeau décrivant ce type d'électeurs écrit: «Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.» De quoi s'agit-il? Le peuple américain va élire en novembre un nouveau président des Etats-Unis pour quatre ans. Pour cela, les deux partis républicain et démocrate font ce qui est appelé des primaires en faisant voter les grands électeurs. Dans le camp républicain c'est apparemment Donald Trump qui mène la course en tête écrasant ses rivaux - non pas au niveau des idées ou d'une vision articulée de l'avenir -mais en homme des médias, il arrive à enfumer les électeurs avec un bagout extraordinaire- sans doute acquis par son passage à la téléréalité. Parmi ses rivaux républicains, Marco Tubio se distingue par ses idées. Qui est Donald Trump? L'Encyclopédie Wikipédia nous éclaire: «Donald John Trump est né le 14 juin 1946 à New York. Il est le quatrième des cinq enfants de Mary Anne (née MacLeod) et Fred Trump, riche promoteur immobilier américain Sa mère est originaire de l'île de Lewis, en Ecosse. Ses grands-parents paternels étaient des immigrés allemands, originaires de Kallstadt. Frederick Trump, le grand-père paternel, fit fortune dans des villes champignons en exploitant des hôtels, restaurants pendant la ruée vers l'or du Klondike.» Pour Scott Conroy, Donald Trump a affirmé qu'il vaincrait l'Etat islamique. Comment? Il va «leur bombarder la gueule». Donald Trump jure qu'il abrogera l'Obamacare [loi qui améliore la protection santé des Américains, adoptée sous l'administration Obama]. Et par quoi va-t-il la remplacer? Quelque chose de «bien mieux», bien entendu. Donald Trump fanfaronne qu'il va construire un très grand et très beau mur sur la frontière avec le Mexique. Et comment va-t-il arriver à le faire financer par l'Etat mexicain? Il va juste leur dire de payer. Avec les résultats du Super Tuesday, Hillary Clinton assied sa domination chez les démocrates. L'ancienne secrétaire d'Etat a raflé la mise en s'imposant dans sept Etats avec, en moyenne, plus de 30 points d'écart sur son concurrent. Le sénateur du Vermont a tout de même sauvé les meubles en remportant la victoire dans quatre régions, mais ces dernières n'offrent cependant pas un nombre très élevé de délégués. (1) Suite à ses propos abjectes concernant les musulmans, la lettre d'un Irakien à Donald Trump mérite d'être rapportée: «Cher Mr. Trump... Je vous envoie mes salutations les plus chaleureuses d'Irak. (...) Le but de votre visite sera de nature pédagogique et centrée sur l'apprentissage de la culture arabo-islamique. Vous apprendrez sur Hammourabi qui a écrit le premier code légal et vous visiterez le sud de l'Irak où la roue a été inventée par une femme irakienne il y a des millénaires. Lorsque vous (vous, infidèle), me rencontrerez (moi, terroriste) chez moi à Najaf, je vous assure que vous allez découvrir que nous sommes tous frères et soeurs qui partageons le même pain et le même monde. Vous allez même apprendre que nos peuples, qui incluent des juifs, partagent tous l'Ancien testament comme fondation de nos religions respectives et que nous avons bien plus de valeurs communes que de différences. Nous sommes tous des «peuples du Livre». Nous pouvons même vous emmener à Our où Abraham est né, au tombeau de Jonas près de Mossoul et au monastère fondé par St Matthieu. Nous serions fiers de vous montrer comment nous - chrétiens et musulmans - avons tellement en commun! A coup sûr, votre visite contribuera grandement à contrer les stéréotypes négatifs grandissants envers les musulmans et servira à discréditer ceux qui encouragent l'islamophobie aux Etats-Unis. (...) Je vous garantis, M.Trump, que vous allez tomber amoureux de la culture arabo-islamique.» (2) Hillary Clinton, l'insubmersible Ce que l'on sait de Hillary c'est qu'elle fut une première dame assez effacée, et qu'elle dispose d'un solide réseau d'influence, notamment dans les lobbys de l'argent et de l'Aipac. Elle fut une secrétaire d'Etat sans prouesse particulière si ce n'est d'avoir prononcé la terrible phrase après la mort abjecte d'El Gueddafi. Paraphrasant l'imperator Jules César à l'issue de la guerre des Gaules («Veni, Vedi, Vici» c'est-à-dire: «Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu»), la secrétaire d'Etat des Etats-Unis d'Amérique, Hillary Clinton, a déclaré en riant à CBS à l'issue de la guerre contre la Libye: «We came, we saw, he died!» («Nous sommes venus, nous avons vu, il [El Gueddafi] est mort!») (3) Pour le reste et comme tous les candidats à la candidature, elle fait et fera des promesses auxquelles ne croient que les naïfs. Nathan J. Robinson rapporte sa lecture d'un article dans Current Affairs, intitulé À moins que les démocrates ne nomment Sanders, une nomination de Trump signifie une présidence Trump. Une chose sur laquelle les supporters de Clinton restent dans le déni complet - en plus du fait que la plupart des Américains, qui ne s'identifient pas comme démocrates, la jugent quelque part entre indigne de confiance et pénalement justiciable - est qu'un nombre important de partisans de Sanders ne vont jamais voter pour Hillary.(...) Les militants de Sanders ont pris l'habitude d'entendre la complainte sourde, «J'aime Bernie, mais je ne pense pas qu'il puisse gagner (...) Ses partisans insistent sur le fait qu'elle a déjà été éprouvée contre toutes les attaques qui peuvent être menées contre elle. (..)Ce style de campagne fait d'Hillary Clinton, l'adversaire de rêve pour Donald Trump. Elle lui donne une quantité infinie de matière première à utiliser. Les e-mails, Benghazi, Whitewater, l'Irak, le scandale Lewinsky, le ChinaGate, le Travelgate, les dossiers du cabinet d'avocats manquants, Jeffrey Epstein, Kissinger, Marc Rich, Haïti, les erreurs fiscales de la Fondation Clinton, les conflits d'intérêts de la Fondation Clinton, «Nous étions fauchés quand nous avons quitté la Maison-Blanche«, Goldman Sachs... Il y a assez de casseroles accrochées à Hillary Clinton pour aider Donald Trump pour six élections.» (4) «Trump va capitaliser sur sa réputation comme un révélateur de vérités, et utiliser avec vice les changements soudains de position de Clinton (par exemple, son revirement sur le mariage gay, et le populisme économique affiché pendant sa bataille contre Sanders) et sa réputation de malhonnêteté. (...)Elle ment tellement. Tout ce qu'elle dit est un mensonge. Je n'ai jamais vu de ma vie quelqu'un qui ait tellement menti. (...) Elle a menti sur les e-mails, bien sûr, comme nous le savons tous, et elle va probablement être inculpée pour ça. Vous savez, elle a dit qu'il y avait des armes de destruction massive en Irak! C'était un mensonge! Des milliers de soldats américains sont morts à cause d'elle. Non seulement elle ment, mais ses mensonges tuent des gens. (...) Trump va la rouler, la retourner et la harponner. Il ne la lâchera pas. Et parce que Clinton a vraiment menti, a effectivement voté pour la guerre en Irak, est réellement hyper-agréable avec Wall Street, et a réellement changé de positions par opportunisme, tout ce qu'elle peut faire est de s'enferrer encore plus dans des dénégations plus invraisemblables, qui vont encore enhardir Trump. (...) Voici un autre exemple. Si Hillary tente d'attaquer Trump sur ses commentaires au sujet des Mexicains et des musulmans, Trump peut rétorquer précisément sur la façon dont elle a traité les Noirs des centres-villes, les qualifiant de «super prédateurs».(..)» (4) «Bien sûr, les Américains sont toujours nerveux sur le socialisme. Mais ils sont moins nerveux qu'ils ont pu l'être, et Bernie fait du bon travail en dépeignant le socialisme comme étant à peine plus que des congés payés familiaux et des congés maladie (....) Trump contre Clinton apparaîtra pour la plupart des Américains comme un choix entre quelque chose de nouveau et de risqué, et quelque chose de vieux et de corrompu.(4) Bernie Sanders: un espoir sans soutien financier Justement Bernie Sanders, a les suffrages de la classe moyenne avec ses idées généreuses.. Comme l'écrit Chris Hedges dans une analyse sans complaisance de la comédie des élections: «Bernie Sanders qui s'est attiré la sympathie de nombreux jeunes Blancs avec un niveau d'études supérieures, prétend créer un mouvement et promet une révolution politique. (..) Les Démocrates, comme les Républicains, n'ont pas intérêt à mettre en place de véritables réformes. Ils sont liés au pouvoir capitaliste. Ils sont dans l'apparence, mais n'ont pas de substance. (...) Ils truquent les élections, non seulement avec de l'argent, mais aussi avec des soi-disant superdélégués - plus de 700 délégués qui n'ont aucun compte à rendre, parmi plus de 4700 au congrès démocrate. Sanders a peut-être remporté 60% des voix au New Hampshire, mais il a fini avec moins de délégués d'Etat que Clinton. Un avant-goût de la campagne à venir. (...) Le Parti démocrate est entièrement solidaire de l'Etat capitaliste. (...) En Europe, le Parti démocrate US serait un parti d'extrême droite. Le Parti républicain serait un parti extrémiste. Il n'y a pas de classe politique libérale - et encore moins de gauche ou progressiste - aux USA. Sanders est un démocrate en tout point, sauf en titre. Il fait partie du caucus démocrate. Il vote 98% du temps pour les Démocrates. Il soutient régulièrement les guerres impérialistes, l'arnaque capitaliste de l'Obamacare, la surveillance de masse et les budgets de défense colossaux. (...) La classe des milliardaires et les oligarques capitalistes ne peuvent être domptés. Ils doivent être renversés. Ils seront renversés dans les rues, pas dans une salle des congrès. Les salles de congrès, c'est là où la gauche va mourir.» (5) Noam Chomsky dit que l'ascension de Trump est due en partie à des sentiments profondément enracinés et potentiellement fatals de peur et de colère.: «La montée de Trump comme candidat républicain, en tête de la course à la Présidence a fait l'effet d'un choc à beaucoup d'Américains, d'un bout à l'autre du spectre politique. (...) Une légion de Blancs sous-éduqués de la classe ouvrière a alimenté l'ascension de Trump. Et tandis que beaucoup disent que le nabab des affaires est en train de capitaliser sur leurs peurs à propos du déclin de la suprématie blanche aux Etats-Unis, Chomsky dit que d'autres forces existentielles sont peut-être en jeu. (...) Malgré de grandes richesses et une médecine moderne, les Etats-Unis ont un niveau d'espérance de vie plus bas que bien d'autres pays. Dans une interview accordée à Alternet, Chomsky a comparé la pauvreté qu'affrontent actuellement beaucoup d'Américains, aux conditions qui furent celles d'une autre génération: celle de la Grande Dépression. (...) Aujourd'hui, il dit qu'en revanche, l'état d'esprit est très différent, chez les Américains profondément affectés par la pauvreté. «Ils sont en train de s'enfoncer dans l'impuissance, le désespoir et la colère, et ne dirigent pas leur rancoeur contre les institutions qui sont les agents de dissolution de leurs vies, mais contre ceux qui en sont encore plus qu'eux les victimes» ajoute-t-il. «Les signes sont familiers, et ils évoquent des souvenirs de montée du fascisme en Europe.» (6) Curieusement les Républicains attaquent Trump. Même le scandale de son université bidon ressurgit suite à l'attaque en justice des étudiants floués. André Bercoff écrit: «Que ce soit au sein du monde politique ou du monde médiatique, on peut en dégager trois types. Il y a ceux qui affirment que Donald Trump est d'extrême droite. Pour eux, c'est un fasciste semblable à Benito Mussolini, notamment suite à ses déclarations sur le mur qui devrait être construit à la frontière avec le Mexique, ou sur l'interdiction aux musulmans de rentrer sur le territoire américain. Il y a ceux qui affirment que Donald Trump est un populiste qui dit ce que les gens ont envie d'entendre, mais qui n'a pas de programme et ne profère que des imprécations. Ceux-là citent alors Silvio Berlusconi, Beppe Grillo, pointant du doigt le fait qu'il ne fait aucune proposition, mais qu'il surfe sur les peurs des gens. Troisièmement, vous avez ceux qui assurent que Donald Trump dit des choses qui méritent d'être écoutées et qu'il parle directement aux gens.» (7) Tout est trouble dans ces élections! Les partisans de Sanders ne vont pas voter pour Clinton. Si on y ajoute que Trump et Clinton se connaissent depuis longtemps au point que Trump le républicain a aidé financièrement Clinton le démocrate lors de sa campagne de 2008 contre le républicain Mitt Roney. Le même Roney fait partie d'un mouvement républicain anti-Trump et là encore des Républicains vont voter pour Clinton! Où sont les idées et les projets de société qui sous-tendent ces élections. Ce type de tripatouillage n'a rien à envier aux élections françaises à la Naegelen à la triste réputation dont les pays africains ont hérité. Seul le décorum change. Pourtant, en Iran se sont déroulées des élections propres et honnêtes. Les médias occidentaux sont devenus muets C'est dire que ce qui intéresse l'Occident c'est quand ça saigne dans les pays musulmans. La citation attribuée, dit-on, à tort à Benjamin Franklin, est à propos: «La démocratie, c'est deux loups et un agneau votant ce qu'il y aura au dîner. La liberté, c'est un agneau bien armé qui conteste le scrutin.» Quid des électeurs? Les éternels dindons de la farce? Dans un système où tout est écrit. Pythagore a raison d'écrire: «Le spectacle du monde ressemble à celui des Jeux olympiques: les uns y tiennent boutique; d'autres paient de leur personne; d'autres se contentent de regarder.» Tout est dit. 1.Scott Conroy http://www.huffingtonpost.fr/ 2016/02/29/a-quoi-ressemblerait-presidence-donald-trump-super-tuesday_n_9347100.html?ir=France 2.Sami Rasouli http://www.michelcollon.info/Cher-Mr-Trump.html?lang=fr 3http://www.voltairenet.org/article171743.html 4.M.Krieger http://versouvaton.blogspot.fr/2016/03/pourquoi-hillary-clinton-ne-peut pas.html 5.http://reseauinternational.net/le-mouvement-fantome-de-bernie-sanders/ 6.http://reseauinternational.net/chomsky-donald-trump-est-en-train-de-gagner-parce-que-lamerique-blanche-est-en-train-de-mourir/ 7https://fr.news.yahoo.com/trump-r%C3%A9volte-contre-politiquement-correct-droite-fran%C3%A7aise-pourrait-080638578.html