Une pétition a été lancée pour la restitution des restes mortuaires des résistants algériens morts au champ d'honneur au début de la colonisation, conservés dans les sous-sols du Musée de l'Homme à Paris. Mise en ligne, à l'initiative de Brahim Senouci, enseignant algérien établi en France, la pétition a recueilli à mercredi plus de 700 signatures. Selon le texte de la pétition publié sur le site (www.change.org) et devant être remis au musée parisien, l'action vise à rapatrier en Algérie les restes des héros algériens pour y recevoir une digne sépulture. Les restes mortuaires de quelque 37 Algériens sont entreposés dans de vulgaires cartons, rangés dans des armoires métalliques, au Musée de l'Homme de Paris. Selon des précisions du texte, les restes, des crânes secs pour la plupart, datant du milieu du XIXe siècle, appartiennent à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla (l'homme à la mule), à Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra en 1849), à Moussa El Derkaoui et à Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui. La tête momifiée de Aïssa Al Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla, fait partie de cette découverte, de même que le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben Allel Ben Embarek, lieutenant de l'Emir Abdelkader. Le mérite d'une telle révélation revient à un historien et épigraphe, Ali Farid Belkadi, qui a alerté en 2011 sur l'existence de restes au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). Auteur du livre très fouillé, intitulé Boubaghla, le sultan à la mule grise, la résistance des Chorfa, publié aux éditions Thala, le chercheur, très engagé, a appelé à cette date les autorités algériennes à entreprendre auprès de l'Etat français «les démarches nécessaires» au rapatriement en Algérie de ces restes mortuaires. Peine perdue. L'Algérie officielle ne semble pas décidée à suivre l'exemple des Kanaks, population autochtone de Nouvelle-Calédonie. L'exemple du chef Kanak Ataï Décapité le 1er septembre 1878, le crâne du grand chef Kanak Ataï, retrouvé au Jardin des Plantes dans les réserves entreposées là pendant les travaux de restauration du Musée de l'Homme, a été restitué officiellement le 28 août 2014 à ses descendants. Le directeur des collections au MNHN de Paris, Philippe Mennecier, avait confié à l'APS que «rien n'empêcherait le rapatriement» des restes mortuaires des Algériens. «Il suffit que la partie algérienne en formule la demande», avait-il affirmé à l'agence officielle, précisant que ces restes «sont à l'origine des donations qui font partie du patrimoine national. Et seul un accord entre l'Etat algérien et l'Etat français pourrait faciliter la démarche de rapatriement». Ni la Présidence, ni le ministère des Moudjahidine, ni une quelconque institution ou encore la faune d'associations de l'auguste famille révolutionnaire n'ont exigé la restitution des restes mortuaires des premiers résistants algériens. Néanmoins, belle petite revanche, un formidable élan s'est manifesté sur les réseaux sociaux après le lancement de la pétition : des militants politiques, de simples anonymes ont partagé l'appel à la signature de la pétition lancée par M. Senouni, physicien de profession, mais surtout fidèle héritier de nos résistants oublié chez l'ancien colon.