Plus de 40 ans de lutte contre le Maroc. Le chef historique du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, laisse l'image d'un leader qui n'a jamais renoncé à l'indépendance du Sahara occidental. Décédé mercredi 31 mai, sa dépouille est exposée aujourd'hui au camp de réfugiés, à Tindouf. Demain, il sera inhumé dans la localité de Bir Lahlou, en zone libérée. «Il était notre boussole, le symbole de notre lutte et le leader de notre cause. Dans un tel conflit, qui a perduré plus de 40 ans, personne d'autre n'aurait résisté, si ce n'est de vrais moudjahidine. Nous pleurons notre président Mohamed Abdelaziz et le regretterons !» confie Ibrahim, un jeune militant de la société civile sahraouie, né dans le camp de Tindouf. «Je ne crois pas qu'un autre le remplacera et j'ai bien peur que l'avenir de notre cause soit une fois de plus relégué, une affaire oubliée dans les tiroirs des diplomates», s'inquiète-t-il. Mohamed Abdelaziz, le chef du Front Polisario qui lutte pour l'indépendance du Sahara occidental, est décédé, mardi 31 mai, à 69 ans, emporté par «une longue maladie». Le Polisario a été fondé en 1973 pour défendre, avec le soutien de l'Algérie, l'indépendance de l'ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975. Des liens indéfectibles lient l'Algérie au Sahara occidental, ce soutien historique a conduit Abdelaziz Bouteflika à décréter, mardi, un deuil de huit jours. Le Conseil des ministres s'est également ouvert par une minute de silence en hommage à Mohamed Abdelaziz. «La réunion du bureau du secrétariat national sahraoui est consacrée aux derniers préparatifs de l'organisation de l'accueil de la dépouille, des obsèques et de l'inhumation du regretté Président du peuple sahraoui, des peuples du Nord-Ouest africain et de tous les peuples épris de liberté, d'indépendance et d'autodétermination», a déclaré à l'APS, le responsable du secrétariat de l'organisation politique du Front Polisario, Brahim Ghali, en marge de la réunion tenue sous la conduite du président du Parlement sahraoui, Khatri Addouh. «Figure centrale» «La rencontre doit aussi permettre d'examiner les prochaines étapes à adopter par le front Polisario, dont l'état d'alerte et la préparation du congrès extraordinaire devant se tenir dans les 40 jours», a signalé Brahim Ghali, ajoutant que «le peuple sahraoui combattant a été endeuillé par le décès du martyr dirigeant et président Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique». Dans le même sillage, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a adressé un message de condoléances à la famille du président Mohamed Abdelaziz et au Front Polisario. Dans le message, Ban Ki-moon salue la mémoire d'une «figure centrale» du règlement de la question sahraouie. «Le secrétaire général a appris avec tristesse le décès de Mohamed Abdelaziz, qui a servi en tant que secrétaire général du Front Polisario depuis 1976», écrit l'ONU.«Au fil des ans, M. Abdelaziz est devenu une figure centrale dans la recherche d'une solution au conflit du Sahara occidental. A ce titre, il a rencontré de nombreux fonctionnaires des Nations unies, y compris les secrétaires généraux qui se sont succédé à la tête de cette organisation», a souligné Ban Ki-moon. Hommages Pour sa part, le Collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui (CJASPS) a rendu, hier, un hommage au président sahraoui Mohamed Abdelaziz. «Nous avons appris avec beaucoup d'émotion le décès du combattant Mohamed Abdelaziz, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario», a déclaré le CJASPS dans un communiqué. Le Collectif a adressé ses sincères condoléances à la famille du disparu ainsi qu'à tout le peuple sahraoui, en les assurant de «sa solidarité et de sa sympathie». Pour le CJASPS, «l'histoire retiendra que le leader du combat du peuple sahraoui pour l'indépendance et membre fondateur du Front Polisario a consacré sa vie à la cause nationale, luttant pour le droit à l'autodétermination et à l'indépendance du Sahara occidental». Depuis Paris, un colloque international a débuté hier à l'Université de la Sorbonne de Paris pour tenter, durant deux jours, de mettre la lumière, 40 ans après sa colonisation par le Maroc, sur ce conflit, sous le thème «La question (irrésolue) du Sahara occidental : quels enjeux pour quelles recherches en sciences humaines et sociales ?».