Peut-on avoir une idée sur le nombre de Registres de cancer validés jusqu'à maintenant, alors que celui de Sétif boucle sa 30e année d'existence ? En tant que coordinateur du Réseau Est, chapeautant l'ensemble des wilayas de la région, notre objectif, fixant une couverture de l'enregistrement du cancer de 50%, est atteint. Sur une population cible de 15 783 139 habitants, nous sommes arrivés à une couverture s'enregistrement du cancer de 7 919 884 habitants, soit la moitié de la population de la région Est, couverte par 6 Registres de population validés, à savoir Batna, Constantine, Béjaïa, Jijel, Annaba et Sétif. Les taux standardisés dans la région Est sont de 110 nouveaux cas pour 100 000 habitants pour l'homme et de 114 nouveaux cas pour 100 000 habitants pour la femme. On a estimé en 2014 une incidence annuelle de 43 000 nouveaux cas pour l'Algérie. Quels sont les cancers les plus répandus en Algérie ? Les cancers les plus répandus chez l'homme sont celui du poumon, qui représente 15% des cas, les cancers colorectaux 12%, la vessie 9%, la prostate 7 %, les lymphomes non hodgkiniens 5% et le naso-pharynx 5%. Chez la femme, c'est le cancer du sein qui représente 3 % des cas, les cancers colorectaux 11%, le col de l'utérus 6%, la thyroïde 5% et les lymphomes non hodgkiniens 4%. L'augmentation du taux annuel des ces principales localisations cancéreuses varie entre 2 et 7%, notamment pour les cancers colorectaux, du poumon, de la vessie et de la prostate, chez l'homme, et du sein, colorectaux et de la thyroïde chez la femme. D'après vous, quelles sont les raisons de cette flambée ? Selon le Registre du cancer, dans la wilaya de Sétif l'incidence du cancer est passée de 48 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an en 1986 à 97 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an en 2015. Cette augmentation est due à une multitude de facteurs de risque liés à la transition démographique, l'augmentation de l'espérance de vie, les changements du mode de vie (tabagisme, alimentation, sédentarité, stress), à l'environnement. Que doit-on faire pour lutter contre des types de cancers tels que ceux du sein ou du poumon ? La stratégie de lutte doit commencer par la prévention et le dépistage des cancers prévalents. Par la prévention primaire, on peut éviter 50% des cancers. Le tabac à lui seul est responsable du tiers des cancers, suivi des autres facteurs de risque qui sont tous réversibles : l'alimentation, l'inactivité physique et la pollution. Le diagnostic précoce et le dépistage des cancers du sein, du col de l'utérus et des cancers colorectaux auront un impact important, en diminuant la mortalité et améliorant la survie, avec une meilleure qualité de vie des patients. Quelle évaluation faites-vous du Plan national cancer 2015-2019 ? Il faut passer de la communication à l'action sur le terrain. Le moment est venu pour convertir les mesures contenues dans le PNC en véritables actions devant être suivies et évaluées. D'autant plus que la situation l'exige. Pour l'illustration, un dépistage précoce du cancer du sein pour les 20 daïras de la wilaya de Sétif nécessite au moins 35 mammographes dont 15 dédiés pour les femmes de 50 à 69ans …