Y aura-t-il un jour une intervention étrangère en Libye ? Plus personne n'en parle, sauf le Premier ministre libyen. Il exclut cette éventualité laquelle quant à elle n'a pas été totalement évacuée des discours de pays occidentaux. La raison en est bien simple : la Libye constitue aujourd'hui un danger aussi bien pour les pays de la région que pour d'autres qui le sont moins et qui sont menacés quant à eux par le flux de migrants au départ des côtes libyennes et qui échappent à tout contrôle. Des faits nouveaux sont apparus ces derniers jours, comme le ralliement de groupes armés basés dans l'est du pays. Et cela après avoir reçu le soutien des anciennes autorités qui contrôlaient la capitale Tripoli et de milices armées dans l'ouest du pays. Autant de signes positifs qui ont amené le Premier ministre du gouvernement d'union nationale libyen, Fayez El Sarraj, à exclure une intervention militaire internationale pour lutter contre le groupe terroriste Etat islamique dont la menace se fait grandissante en Libye depuis son implantation dans ce pays fin 2014. «C'est vrai que nous avons besoin d'aide de la communauté internationale dans notre guerre contre le terrorisme, et il est vrai que nous en avons déjà reçu. Mais nous ne parlons pas d'intervention internationale», vient-il de souligner. Toutefois, dira-t-il, «nous avons besoin en revanche d'images satellite, de renseignements, d'aides techniques... Pas de bombardements.» Installé à Tripoli depuis un peu plus de deux mois, le nouveau gouvernement tente d'exercer son contrôle sur l'ensemble du pays et donc de l'unifier. Mais il se heurte à l'opposition d'une autorité concurrente basée à l'est et qui dispose de ses propres forces armées — des milices et quelques unités de l'armée nationale libyenne — commandées par le général controversé Khalifa Haftar. Or, deux importants groupes jusque-là loyaux au général Haftar ont décidé de rallier le GNA. Il s'agit de la Force des missions spéciales dans la lutte antiterroriste et d'une brigade des Renseignements militaires. Plus que cela, les commandants de ces forces armées ont tenu samedi à Benghazi une conférence de presse commune avec le ministre de la Défense désigné du GNA Al Mahdi Al Barghathi pour annoncer leur rapprochement. Ce qui devrait entraîner d'importantes décisions, en tout cas un bouleversement de la situation en faveur, bien entendu, de la nouvelle autorité qui peine à s'étendre vers la partie orientale du pays. Cela, relève-t-on encore, va dans le sens de récentes recommandations de l'émissaire de l'ONU pour la Libye. Martin Kobler, rappelle-t-on, avait appelé toutes les forces armées libyennes à s'unir pour vaincre militairement les terroristes de Daech qui sont implantés dans la ville côtière de Syrte. Visiblement, la bataille de Syrte a commencé, les forces du gouvernement libyen ayant annoncé samedi avoir repris au groupe EI une importante base aérienne près de cette ville. En outre, les forces du GNA ont annoncé la libération de la localité d'Abou Hadi, à 15 km au sud-est de Syrte. Mercredi, ces forces avaient pris le contrôle de la centrale thermique de Syrte située à environ 23 km du centre-ville. Et le ralliement en question annoncé samedi est d'autant plus important qu'il est susceptible de faire basculer le rapport de force, et surtout mettre fin à une rivalité entre les forces armées du gouvernement d'union et celles d'une autorité rivale basée dans l'est du pays, engagées chacune de son côté dans une course pour être les premières à chasser l'EI de Syrte. Une épreuve dont se passeraient bien les Libyens exposés à toutes les menaces et autres formes d'instabilité depuis la chute de l'ancien régime. Des forces aussi nombreuses que diverses avaient alors occupé le vide, et même porté le danger hors des frontières libyennes.