Mizo a cette particularité d'être un artiste au sens propre du terme. Dépourvu d'égocentrisme ou encore de vanité, c'est plutôt un être humble, s'adonnant à sa passion avec abnégation. En avance sur son temps, il se plaît, à chacune de ses collections, à donner une vision futuriste des choses. Là, il s'attaque à un registre qu'il connaît assez bien, puisque pendant des années il a côtoyé l'univers de la mode. Ce spécialiste de la photographie a suivi une formation spécialisée dans l'argentique, pour ensuite travailler en free-lance dans la presse pendant trois ans. En 2006, il décide d'ouvrir son propre studio de photographie à Alger. Son credo a toujours été d'œuvrer pour la promotion du patrimoine et de l'identité ancestrale. Comme l'indique le titre de cette exposition de photographies «Futur Antérieur» qui est visible jusqu'au 12 juin 2016, Mizo propose un ensemble de treize tableaux aux grands et petits formats. Treize est un clin d'œil que fait Mizo, puisque ce chiffre correspond, également, au nombre de ses expositions. Ainsi, la femme algérienne est présente en force à travers cette exposition de photographies avec sa beauté et son élégance. Un seul modèle s'est prêté au jeu de l'objectif pour montrer quelques séquences de la haute couture algérienne. L'ensemble des clichés a été réalisé en 2016 et fait suite à sa précédente exposition de photographies intitulée «Inconscient ». L'artiste confie qu'il détenait le concept depuis trois ans, mais qu'il attendait le bon moment pour livrer ce nouveau projet. Un concept qui met en exergue le kitch algérien. Un petit tour d'horizon permet de recenser des œuvres assimilées à celle du célèbre magazine européen de mode Vogue. Le regard est admiratif devant les portraits de cette femme avec des attraits vestimentaires multiples. Le potentiel visiteur fait face, d'emblée, à un mélange entre le modernisme et la tradition. L'artiste Mizo explique que son concept repose sur ce mélange de ces deux idées en les faisant emboîter et harmoniser en un seul support. Le concepteur de cette performante collection a choisi de placer des titres en langue anglaise. A titre d'exemple, dans l'œuvre intitulée «Quitte-moi si tu peux», il laisse apparaître une veste algéroise, dite le karako, portée avec t shirt et un chapeau. Mizo est formel, pour monter le bon kitch, c'est le bon mauvais goût. L'œuvre «Nomade langage» laisse entrevoir une chemise très moderne et un gilet traditionnel. Le cou est paré d'un pendentif en boulot et les mains de gros bracelets en argent. «On a l'impression, explique Mizo, qu'elle est ligotée. C'est l'attachement excessif par rapport à la tradition. Certains s'attachent à la tradition, juste par héritage et non pas par conviction ou encore par volonté. On voit toujours cette tradition de posséder le maximum et d'exposer le maximum. Il y a aussi le paraître pour paraître. C'est pour montrer sa richesse et aussi pour combler le vide. Extérieur. Ils sont obligés parfois de montrer ce qu'ils ont comme intérieur. Ce n'est pas de la photo de mode stérile que je propose mais un sujet important que nous vivons aujourd'hui» Dans certains tableaux de grande dimension, on retrouve juste à côté le prototype en petit format. Façon singulière de mieux faire la différence entre la face et le profil. Mis à part l'Algéroise, le visiteur est appelé à découvrir la Kabylie et la Tlemcénienne, à travers des tenues à la fois chic et modernes. Ces femmes sont, en fait, un excellent prétexte pour parler de l'identité. Pour Mizo, on peut adhérer à d'autres concepts, mais on peut rester toujours nous-mêmes, s'ouvrir à notre culture. En témoigne cette extravagance des goûts avec ce boléro serti de pins, enfilé sur une robe kabyle. La tête est enroulée avec un tissu de fouta. Dans l'œuvre «Chadda», on est à même d'apprécier la tenue lemnienne, se déclinant sous la forme d'une chemise imprimée avec l'effigie de Mickey et le chapeau «Chéchia», incrusté de pins's «Smiley» et «Peace and Love ». Il est à noter que l'ensemble des clichés sont revus avec de l'acrylique, mélangés à d'autres médiums. En outre, l'aura de lumière donne plusieurs illusions. En somme, la nouvelle collection de photographies de Mizo renferme un pan d'universalité et d'intemporalité. Il conclut fièrement en soutenant que ces travaux dérivent d'un conceptuel sociologique qu'il se plaît à accompagner avec la technique et l'esthétique.