L'ONG Reporters sans frontières (RSF) est choquée d'apprendre la décision du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs, hier, de geler l'opération de vente des parts du groupe de presse El Khabar à NessProd, filiale du groupe industriel Cevital, suite à un référé introduit par le ministère de la Communication en mai dernier. Le juge du référé du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs s'est prononcé en faveur de la mesure conservatoire visant à geler l'opération de vente des parts du groupe de presse El Khabar à un groupe privé, en attendant une décision sur le fond. Ce jugement donne raison au ministère de la Communication qui avait introduit ce référé au motif que cette vente serait contraire aux dispositions du code algérien de l'information de 2012. «Bien que n'étant pas définitive, cette décision est extrêmement inquiétante, a déclaré Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF. Nous exhortons les autorités judiciaires à traiter justement cette affaire dans un délai raisonnable étant donné la santé financière du groupe. Il serait malheureux de voir bloquer le choix stratégique d'un média qui a déjà eu à traverser de nombreuses épreuves ces 25 dernières années pour pouvoir défendre sa ligne éditoriale critique et indépendante. Rappelons notamment la suspension de toute publicité publique depuis 1998 et la diminution des recettes publicitaires du journal de moitié ces deux dernières années du fait de possibles pressions des autorités sur les annonceurs.» «Nous trouvons cette décision surprenante et inattendue. Nous allons faire appel auprès du Conseil d'Etat dans les 15 jours qui viennent. Nous attendons un traitement logique et dans le cadre de la loi de cette affaire», a déclaré pour sa part Cherif Rezgui, directeur d'El Khabar. En mai dernier, RSF avait appelé à soutenir El Khabar face aux manœuvres des autorités algériennes. L'Algérie figure en 129e position au classement 2016 de RSF pour la liberté de la presse.