La mobilisation et l'élan de solidarité et de soutien au groupe El khabar sont allés crescendo au fil des jours. Ce qu'il est désormais convenu d'appeler "l'affaire El Khabar", du nom du groupe éponyme auquel le ministre de la Communication, Hamid Grine, conteste le transfert d'une partie de l'actionnariat à une filiale du groupe Cevital, continue de mobiliser l'opinion publique qui dénonce un acharnement derrière lequel se cachent des considérations autres que légales. On assiste, en effet, à une montée au créneau de partis politiques, de la société civile, de la corporation ou de simples citoyens qui s'expriment sur les réseaux sociaux, pour s'élever contre le nouveau diktat exercé, ces derniers mois, sur une partie de la presse privée qui ne partage pas la ligne de conduite que veulent imposer les tenants du pouvoir. Les premiers à se mobiliser pour la cause sont, évidemment, les salariés d'El Khabar dont les postes d'emploi seraient menacés par une éventuelle fermeture de la publication et des autres entités du groupe. Ainsi, les travailleurs du groupe lancent un appel général pour un rassemblement de protestation, mercredi prochain, 11 mai, devant le tribunal de Bir-Mourad-Raïs qui doit traiter le dossier en question. De son côté, le bureau régional d'El Khabar à Béjaïa a appelé à un sit-in de solidarité le même jour à partir de 10h à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel. Militants démocrates, des droits de l'Homme, des libertés, acteurs du mouvement associatif, partis politiques et tous les amis du quotidien sont invités à manifester leur solidarité avec le collectif du journal. Un autre sit-in s'est tenu, hier matin, devant le siège de l'ENTV à Oran à l'appel des journalistes locaux en solidarité avec El Khabar et avec les journalistes de La Voix de l'Oranie et de Sawt El Gharb. Le Syndicat national des journalistes a, lui aussi, estimé que la décision du ministère de la Communication, de soumettre l'accord conclu entre les deux parties à "l'appréciation" des juges, "cache mal les motivations politiques des commanditaires réels de toute cette opération dont l'objectif est, à n'en pas douter, de faire avorter le rachat du groupe El Khabar". Au titre des ONG internationale, Reporters sans frontières (RSF) n'est pas resté sans réaction face à cette situation difficile que vit la presse privée algérienne. L'organisation dénonce, en effet "l'instrumentalisation" de la justice dans cette affaire, exhortant les autorités algériennes "à respecter les choix des journalistes et propriétaires du quotidien arabophone indépendant El Khabar, visant à assurer la pérennité du journal". "Nous exhortons l'Etat algérien à abandonner ce référé, qui a pour objet de s'opposer à la revente des parts du journal. Si les autorités s'obstinent dans leur volonté de bloquer cette transaction, c'est un quotidien indépendant de référence qui risque de disparaître, ce qui serait gravissime pour le droit des citoyens à une information libre", a prévenu Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières. RSF souligne, en outre, que "ce nouvel épisode vient s'ajouter à la série d'obstacles auxquels doivent faire face les médias non alignés, notamment depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat, en 2014". Pour RSF, le ministre de la Communication avait tenu "des propos extrêmement inquiétants contre certains médias qualifiés d'arrogants, de dominateurs et de porteurs d'un discours défaitiste semant la discorde, justifiant ainsi les pressions de plus en plus fortes contre la liberté d'informer". H. Saïdani