A l'heure où les collectivités locales sont appelées à s'impliquer dans le développement, à Béjaïa, les deux communes susceptibles de répondre à ces ambitions, à savoir Béjaïa et Akbou, qui ne dépendent plus des subventions, ne rassurent pas sur leur capacité à jouer un rôle de pilote dans l'amorce d'une dynamique de développement suivant les dernières directives du ministère de l'Intérieur. Pendant que la première fait de timides tentatives pour appliquer les nouvelles instructions, la deuxième est engluée dans un imbroglio qui n'augure rien de bon pour la municipalité. A Akbou, en situation de blocage sans précédent, 600 milliards de centimes végètent dans les caisses et plus de 900 projets sont gelés. Cet argent provient de la fiscalité à hauteur de 125 milliards de dinars/an, la commune ne recevant que rarement des subventions, apprend-on de Hamidouche Rachid, chargé des finances à l'APC d'Akbou. Commune riche, Akbou ne jouit pas du fruit de cette performance. Le blocage est total et la population demande le «départ» de l'exécutif. «Ce n'est pas seulement de la mauvaise gestion, mais de la non-gestion», regrette Mouloud Salhi, élu indépendant, aujourd'hui dans la dissidence. Le blocage est-il la conséquence de l'incompétence des élus ? Nombreux sont les président d'APC qui dénoncent les blocages induits par le nombre restreint de contrôleurs financiers. «Non-gestion» Pour Mouloud Salhi, «il y a certes une part de vérité quand on pointe du doigt l'insuffisance du nombre de contrôleurs financiers, mais ils ne peuvent bloquer 900 projets à eux seuls. Leur responsabilité est infime par rapport à la montagne d'incompétence des élus. Le code communal nous permet une autonomie que nous n'exploitons pas à cause des compétences amoindries des élus». En dépit de ses nombreux atouts — un port très actif, industrie, tourisme — la commune de Béjaïa, 7e ou 8e au dernier classement des communes les plus riches du pays, et une des deux communes de la wilaya à s'autofinancer avec celle d'Akbou, éprouve encore le besoin d'avoir sa part de subventions étatiques. «L'Etat nous prive de subventions, prétextant une possibilité d'autofinancement. C'est faux : qui dit grande commune, dit grands défis. Le budget est dépensé au service de plus de 200 000 habitants : voirie, aménagement urbain, réfections», nous dit M. Djabali, chargé des finances à l'APC de Béjaïa. La commune dispose d'un budget 2016 de 340 milliards de centimes issu des recettes fiscales qui proviennent essentiellement de Cevital et du port. Ces entrées ont été revues à la baisse de quelque 70 milliards par rapport à l'année dernière suite au passage de la Taxe sur l'activité professionnelle (TAP) de 2 à 1%. Un flagrant paradoxe d'ailleurs : l'Etat fait des cadeaux aux patrons en même temps qu'il est attendu des communes qu'elles s'autofinancent en comptant sur les recettes fiscales ! Est-on, dans ce contexte, en mesure de réussir le défi du développement décentralisé ? Dans de timides tentatives de déroger au plan de dépenses habituel, l'APC de Béjaïa a injecté une partie du budget 2016 pour l'élargissement du patrimoine de la municipalité et le développement d'une voie d'accès névralgique. «Avant, les dépenses répondaient aux besoins, désormais, nous visons à faire fructifier les recettes. C'est ainsi que nous participons à l'aménagement de la voie d'accès de l'arrière-port (opération à laquelle participent Naftal, Cevital et Sonatrach) et deux stations urbaines et un parking à étages sont en construction. Les retombées se traduiront par l'amélioration des voies au profit des entreprises et le relèvement du budget patrimonial de l'APC qui est actuellement de 7 milliards», se félicite M. Djabali.